APPRENTISSAGE - Ce jeudi 6 juillet, c'était le premier scrutin public dans l'hémicycle depuis les législatives et le début de la nouvelle mandature : celui consacrant une nouvelle (et théoriquement dernière) prorogation de l'état d'urgence, jusqu'au 1er novembre. Et pour certains petits nouveaux de l'Assemblée, il devrait servir de leçon. Ils sont en effet une trentaine à avoir raté la fenêtre de tir pour voter pour n'avoir pas regagné leur place à temps, pris de court il est vrai par un François de Rugy expéditif. Et quoi qu'il en soit, cela va sûrement alimenter les critiques en amateurisme qui sont adressées à la majorité, dont nombre des membres découvrent la vie parlementaire.
Une dizaine de minutes plus tôt et après l'examen de tous les amendements, le président LREM de l'Assemblée nationale avait pourtant (brièvement) annoncé l'imminence du vote sur l'ensemble du texte et donné la parole aux orateurs des différents groupes pour les explications de vote. Au terme de la dernière d'entre elles, François de Rugy ouvre le scrutin. Et là, tout va très vite, provoquant la colère de certains élus qui n'ont pas eu le temps de voter, et une petite gêne amusée du titulaire du perchoir :
"Nous allons donc procéder au scrutin puisqu'il a été annoncé largement depuis plus de cinq minutes. Je vous prie de bien vouloir regagner vos places si ce n'est déjà fait. [Pause de trois secondes] Le scrutin est ouvert... le scrutin est clos. [Brouhaha] Vous n'avez pas eu le temps d'appuyer sur le bouton [rire] ? Je crois qu'il y a largement les suffrages. Comme vous le voyez, le nombre de votants est de 150, le nombre de suffrages exprimés est de 150, la majorité est de 76, pour : 137, contre : 13, l'Assemblée nationale a donc adopté le projet de loi.
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À revoir sur ces images de l'Assemblée nationale isolées par le Lab :
Le déroulé du vote fait clairement des mécontents qui font entendre leurs protestations. Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb reprend ensuite la parole pour se féliciter de l'adoption du projet de loi, puis François de Rugy fait cette mise au point, semble-t-il nécessaire pour certains primo-députés qui ne connaissent pas forcément la marche à suivre :
"Je tiens à préciser, comme toujours dans ces cas-là, que si un député ou une députée a un doute sur le sujet, il peut venir se signaler auprès des services de l'Assemblée nationale et demander si son vote a bien été pris en compte, et si cela n'a pas été le cas, à ce qu'il le soit. C'est toujours ainsi lorsqu'il y a un vote à scrutin public, y compris quand on pense avoir fait une erreur, et il suffit de comparer avec la fiche de vote qui va bientôt être diffusée.
"
Au total, ce sont 37 députés (dont une immense majorité de nouveaux LREM, mais aussi des briscards comme Rémi Delatte, élu LR depuis 2007, ou Jean-Luc Mélenchon, qui n'a certes jamais été député) qui se sont faits avoir et ont ensuite tenu à préciser qu'ils "avaient voulu 'voter pour'", comme le précise l'analyse du scrutin réalisée par l'Assemblée :
37 députés nouvellement élus, qui ont découvert que le vote par scrutin public, ça dure 10 secondes... https://t.co/LQgdWTZGpW
— Samuel Le Goff (@S_LeGoff) 6 juillet 2017
C'est le métier qui rentre... Mais que ces malheureux d'un jour se rassurent : les erreurs de vote sont fréquentes, un doigt qui *ripe* sur le mauvais bouton étant vite arrivé. On se souvient par exemple d'Henri Guaino votant pour le mariage pour tous, qu'il avait pourtant ardemment combattu...
À LIRE SUR LE LAB :
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