Point images : Comment l'Elysée a fait de François Hollande un président en guerre

Publié à 16h44, le 13 janvier 2013 , Modifié à 18h17, le 13 janvier 2013

Point images : Comment l'Elysée a fait de François Hollande un président en guerre
François Hollande et ses ministres, à la sortie du conseil restreint de défense, samedi 12 janvier - photo sous copyright de l'Elysée, reproduit avec autorisation

STORYTELLING - François Hollande, président d'un pays en guerre : au-delà des décisions, des discours et des mots, la construction de la séquence malienne de François Hollande passe également par les images.

A cet égard, le choix fait par les conseillers en communication de François Hollande est, pour l'heure, celui de la sobriété. 

Et, si l’on lit évidemment, dans les quelques clichés pris par l’Elysée lors du conseil de défense du samedi 12  janvier, la tension et le peu de sommeil qui naissent des coups de fil à 4 heures du matin, l’Elysée reste pour l’instant extrêmement solennel dans la fabrique des images du président-commander-in-chief.

Le dispositif, tout d’abord

Le "conseil restreint de défense", organisé à l’Elysée, samedi 12 janvier à 15 heures, en présence des ministres Laurent Fabius, Jean-Yves Le Drian, et Manuel Valls, n’a pas été ouvert aux photographes des agences qui couvrent traditionnellement et de manière quasi-continue l’Elysée. 

La décision en est totalement assumée, raconte au Lab le metteur en images de l’image présidentielle, le photographe et responsable du service photographique Stéphane Ruet

En raison du caractère très sensible et même couvert par le secret défense des conversations, aucun pool n’a été organisé, et l’Elysée a assuré cette prise de vue.

 Et précise :

Cette décision a été prise en haut lieu ...

Voici les trois photos que l’Elysée a choisi de diffuser, ce dimanche – et qui font d’ailleurs la "une" du JDD, ainsi que le bonheur du Parisien, en pages intérieures toutefois :

(cliquez sur les images pour les agrandir)

Le conseil de défense au grand complet :

L'aparté entre François Hollande et ses trois ministres :

Et une scène saisie à la sortie du conseil :

(photos sous copyright de l'Elysée, reproduites avec autorisation)

Le premier de ces clichés, qui fait pénétrer l’intérieur d’un conseil de sécurité, a par ailleurs fait l’objet de retouches totalement assumées par l’Elysée, notamment en raison de la présence de données telles que des cartes : 

Toute chose égale par ailleurs, la comparaison avec la photo culte réalisée par Pete Souza, le photographe officiel de la Maison Blanche, lors de la capture d’Oussama Ben Laden, saute aux yeux :

Mais, à l’inverse des images réalisées à Washington, celles diffusées par l’Elysée montrent une réunion qui, traits tirés exceptés, semble absolument normale, sans excitation ni effusion particulières.

Un peu plus tard dans la journée, la déclaration de quatre minutes du président de la République, tournée en plan rapproché dans le salon Napoléon-III, un peu après 18h30, a, elle, en revanche, été ouverte aux photographes des agences. 

Les images produites et diffusées sont, là-encore, extrêmement solennelles :

L'AFP publie par ailleurs, sur son fil, plusieurs photographies qui montrent la présence de nombreux conseillers de l'Elysée autour du chef de l’Etat, à l’occasion de sa prise de parole, samedi 12 janvier, et notamment de son nouveau conseiller, l'ancien présentateur du JT de 20 heures, Claude Sérillon :

Ces images tranchent résolument avec la précédente séquence française de François Hollande qui, tout au long de la semaine, avait multiplié les apparitions devant les photographes et les caméras dans des situations fort peu plaisantes, pour lui.

On l’a vu par exemple, montre à l’envers,en train de manger la galette des rois de l’Elysée (photo Reuters) :

Ou bien encore lunettes 3D sur le nez, dans un laboratoire scientifique bordelais :

Voire aux commandes d’un véhicule de l'armée – signe prémonitoire ?- lors des vœux aux forces armées :

Les caméras du Petit Journal avaient, d’ailleurs, ce jour-là, recueilli le constat mi-amusé, mi-désabusé, du chef de l’Etat, blaguant sur la mise en scène des images avec les photographes présents. 

Du rab sur le Lab

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