Pour conjurer l'affaire Cahuzac, Pierre Moscovici en appelle à l'"uchronie"

Publié à 11h22, le 07 avril 2013 , Modifié à 15h46, le 07 avril 2013

Pour conjurer l'affaire Cahuzac, Pierre Moscovici en appelle à l'"uchronie"
Pierre Moscovici sur le plateau du Grand Rendez-Vous le 7 avril 2013. (MaxPPP)

ABRACADABRANTESQUE - Les aveux de Jérôme Cahuzac ont mis Pierre Moscovici, ministre de l'Economie et des Finances et à ce titre ministre de tutelle de Cahuzac en difficulté.

Invité du Grand Rendez-Vous Europe 1/Le Parisien/i>Télé, Pierre Moscovici a dû faire face au feu nourri des intervieweurs sur le sujet. Et il a beau asséner, visiblement agacé qu'il n'est "pas le ministre de l'Affaire Cahuzac", Pierre Moscovici est attendu sur le sujet.

Depuis plusieurs jours, le ministre est sur la défensive : le 3 avril, il se défend de toute complaisance au micro d'RTL , et le lendemain, il répète avoix "fait ce qu'il fallait sans couvrir qui que ce soit"dans une interview à Libération, puis via deux communiqués .

Mais dimanche matin, Pierre Moscovici a innové, en convoquant à de nombreuses reprises le terme d'"Uchronie".

>> L'uchronie, késako ?

Inventé par le philosophe Charles Renouvier, le néologisme est pour la première fois utilisé dans son livre Uchronie, l'utopie dans l'histoire. Il désigne étymologiquement un "non-temps", un temps qui n'existe pas.

Mais Charles Renouvier donne une définition un peu différente au mot qu'il a forgé : l'auteur d'une uchronie, explique-t-il, "écrit l'histoire, non telle qu'elle fut, mais telle qu'elle aurait pu être, à ce qu'il croit".

Plus vulgairement, on peut dire que l'auteur d'une uchronie "réécrit l'histoire".

>> Pourquoi Pierre Moscovici parle d'uchronie ?

Depuis plusieurs jours, Pierre Moscovici se défend d'avoir entravé la justice, ou d'avoir "couvert" Jérôme Cahuzac.

Il assure avoir fait tout ce qui était en son pouvoir et, en parlant d'uchronie, reproche implicitement à ses interlocuteurs de considérer les événements passés à l'aune des aveux de Jérôme Cahuzac.

Le ministre de l'Economie a martelé :

"

Jusqu'au jour des aveux de Jérôme Cahuzac, je ne savais rien, je n'ai rien su.

"

L'objectif est de se montrer en homme trompé, loin de toute complicité. Et  le terme d'uchronie permet au ministre de rappeller que Jérôme Cahuzac avait à plusieurs reprises démenti l'existence d'un compte à l'étranger.

>> Le précédent historique "abracadabrantesque"

Ce n'est pas la première fois qu'un homme politique en difficulté fait appel aux néologismes pour se défendre.

En septembre 2000, Jacques Chirac, alors président de la République, devait se défendre face aux accusations d'un promoteur immobilier proche du RPR, dans l'affaire dite"de la cassette Méry" .

Le président avait alors surpris les commentateurs politiques en utilisant un néologisme forgé par le poète Arthur Rimbaud :"Abracadabrantesque".

Une séquence à retrouver ici .

>> BONUS TRACK : Christine Lagarde et la "petite sieste"

 Moment plus léger pour le ministre de l'Economie au cours de l'interview, lorsqu'il a été interrogé sur un commentaire de la directrice du FMI Christine Lagarde. Elle avait moqué Pierre Moscovici parce qu'il avait fait "une petite sieste" lors d'une réunion de l'Eurogroupe, lundi 25 mars :

"

Je comprends pourquoi on n'entend pas la voix de la France

"

Pierre Moscovici a d'abord souri à la question, avant de répondre un peu plus sèchement :

"

Christine Lagarde, je l'aime bien, c'est une bonne directrice générale du FMI...

Mais enfin j'ai une différence avec elle, ce que quand on a parlé de Chypre, moi, j'étais favorable à ce qu'on exempte les dépôts inférieur à 100 000 euros.

"

Et le ministre de l'Economie de se fendre d'un commentaire en forme de "retour à l'expéditeur" :

"

Et la voix de la France, au final, elle a compté. Je préfère qu'on soit sur le fond plutôt que sur les petites phrases.

"

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