À quoi joue Robert Ménard ? Le maire de Béziers a créé le 25 mai son mouvement politique, Oz la droite , avec pour objectif de peser sur l'élection présidentielle 2017. Jeudi 26 mai, Le Monde a dévoilé plusieurs propositions que l'édile biterrois présentera à l’occasion du Rendez-vous de Béziers (27, 28 et 29 mai), des idées pour le moins iconoclastes qui ne plaisent pas à tout le monde, y compris au Front national.
Florian Philippot, par exemple, n'est pas vraiment fan des idées économiques de Robert Ménard. Invité d'iTÉLÉ ce vendredi, le numéro 2 du FN a longtemps critiqué certaines propositions du maire de Béziers, notamment dans le domaine économique. Et l'eurodéputé a vraiment tenu à le faire savoir, expliquant de lui-même à quel point il était en désaccord avec certains volets du programme de Robert Ménard. Voici comment :
"Attendez, je ne vais pas prendre toutes les propositions, il y en a au moins 70 ou 80. Il y a des points d'accord et des points de désaccord, c'est une évidence parce qu'encore une fois, il n'est pas au Front ni au Rassemblement bleu marine donc c'est un peu normal. Sur le programme économique, nous sommes en désaccord complet. Que les choses soient claires : c'est le programme d'Alain Juppé.
"
Pour illustrer ses propos, Florian Philippot prend plusieurs exemples comme la retraite à 65 ans et la hausse de la TVA, qu'il présente comme "un impôt épouvantable, extrêmement injuste". Il développe un autre exemple, montrant qu'il a bien regardé les propositions de Robert Ménard pour mieux les critiquer :
"La suppression de 25% du nombre de fonctionnaires en cinq ans ? J'ai fait mon petit calcul : même si on ne remplace aucun départ en retraite, ce qui serait inconcevable, […] il faudrait en plus licencier 640.000 fonctionnaires dans le mandat, c'est-à-dire 350 par jour, c'est-à-dire un gros plan social par jour. On voit bien qu'on est en désaccord total.
"
Florian Philippot avait bien préparé ses fiches pour démonter les idées de Robert Ménard. La référence à Alain Juppé est, qui plus est, loin d'être anodine : depuis des semaines, le FN a fait du favori de la primaire de la droite la cible privilégiée de ses attaques. En janvier, l'élu frontiste avait jugé l'ancien Premier ministre "plus redoutable" que Nicolas Sarkozy pour le FN .
Le vice-président du FN entendait donc bien se payer le maire de Béziers, preuve, une fois de plus, que les deux hommes ne sont pas sur la même longueur d'ondes politiques. Et cela marche dans les deux sens : Robert Ménard est, lui aussi, en désaccord total avec le programme économique du FN, qu'il juge "trop colbertiste" et "trop contraignant". Il est notamment opposé à une sortie de la France de l'euro. Ce serait, selon lui, "une erreur funeste pour la France".
L'opposition entre les deux hommes est aussi personnelle : fin avril, Robert Ménard s'était demandé si Florian Philippot n'était pas, en fait, "un militant de gauche" infiltré au FN . L'édile biterrois n'avait pas non plus apprécié les propos du vice-président frontiste comparant l'importance de l'abrogation du Mariage pour tous à la "culture du bonsaï" .
Mais cette opposition de plus en plus visible a au moins un avantage : elle illustre d'une nouvelle manière la ligne de fracture qui existe bel et bien au sein de l'extrême droite française.