Il semblerait que Gilbert Collard n'ait pas reçu le mémo. Ou alors, qu'en interrogeant Siri à propos de l'orientation politique du Front national, le député du Gard n'ait pas tout à fait compris la réponse. Car voici que l'avocat considère tout haut que le FN est "un parti de droite". Et cela va en totale contradiction avec les prises de positions des différents ténors frontistes depuis des années.
Cité par Le Figaro ce samedi 1er avril, Gilbert Collard déclare :
"Nous sommes un parti de droite, qui travaille à ne pas rebuter les gens de gauche. Mais nos pistes d'ouverture se situent clairement à droite, comme le cœur du parti.
"
Allons bon. Le FN serait un parti de droite maintenant... C'est à n'y plus rien comprendre puisque Marine Le Pen elle-même affirmait encore en septembre 2016, sur RTL , que le FN est "de droite et de gauche". En outre, lors de l'inauguration de son QG de campagne en novembre dernier, la cheffe frontiste arborait son nouvel insigne : une rose bleue . "La rose est une fleur qui a été assimilée à la gauche, le bleu une couleur assimilée à la droite", disait-elle à l'époque. C'était une manière pour elle de signifier que son positionnement, qu'elle veut gaullien, était avant tout de droite et de gauche, voire aucun des deux, et qu'il avait surtout "vocation à rassembler l’ensemble des Français". Et ce ne sont là que des exemples parmi beaucoup d'autres...
Las, Gilbert Collard a raté ce message-là pourtant porté et martelé par Florian Philippot à chacune, ou presque, de ses interventions télévisées. Mais cette sortie du député du Gard n'est pourtant pas surprenante. Elle illustre au contraire l'opposition qui règne au sein du Front national depuis des années, cette dualité que les cadors nient à l'envi, assurant qu'il n'y a qu'une ligne chez eux et que cette ligne est celle de Marine Le Pen.
Dans le livre Philippot 1er (éd. Plon) des journalistes de LCP Astrid de Villaines et Marie Labat, on apprend par exemple que Gilbert Collard a pour ambition de "virer" Florian Philippot du FN en se présentant contre lui à l’élection interne du parti, à l'occasion du prochain congrès. Ce que les deux intéressés démentent évidemment .
En septembre 2016, lors des Estivales de Marine Le Pen à Fréjus, des propos de Gilbert Collard au sujet de la "dédiabolisation" du FN avaient été captés par une caméra d'Envoyé Spécial. L'élu faisait part de son inquiétude de voir s'éloigner du parti son électorat historique. "Est-ce que le FN y gagne au change ?" demandait un journaliste de France 2. "Non. Non. Et c'est pour ça que l'on a un travail très dur en ce moment. Je pense que ça éloigne de nous beaucoup de gens", répondait Gilbert Collard.