Pour Jean-Yves Le Drian, "la France a raté le rendez-vous des drones"

Publié à 14h24, le 19 mai 2013 , Modifié à 14h31, le 19 mai 2013

Pour Jean-Yves Le Drian, "la France a raté le rendez-vous des drones"
Jean-Yves Le Drian sur Europe 1, le 19 mai 2013. (Capture d'écran i>Télé)

#COMPOL - C'est avec une formule ciselée - et des talents de communicant - que le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a pointé dans l'émission "Le Grand Rendez-vous Europe1/i>Télé/Le Parisien" une lacune qu'il juge majeure dans le dispositif militaire français : les drones.

Ces appareils volants radiocommandés et sans pilotes peuvent être utilisés par les forces armées pour des opérations de frappes militaires, mais aussi et surtout pour le renseignement.

Or, estime le ministre de la Défense, "la France a raté le rendez-vous des drones". Façon de dire que ses prédécesseurs n'ont pas été à la hauteur ? Pressé de désigner les responsables, Jean-Yves Le Drian répond laconiquement :

Un peu tout le monde, pour des tas de raisons, il faudrait remonter vingt ans en arrière, on pourrait en faire un livre.

Mais s'il se garde bien de désigner un quelconque responsable, le ministre de la Défense en rajoute immédiatement une couche quant à la gravité de ce rendez-vous raté :

La France, aujourd'hui, ne produit pas de drones. Ce qui est invraisemblable pour une nation qui a un savoir faire technologique, aéronautique considérable, avec des entreprises majeures qui ont été en situation de pouvoir le faire... Ca n'a pas été le cas.

En fin d'interview, Jean-Yves Le Drian en profitera d'ailleurs pour redir combien la non-construction de drones est ennuyeuse pour l'armée. Interrogé sur les pertes des djihadistes au Nord-Mali, il répondra :

On n'a pas de drones, donc on n'a pas pu compter. Mais sur le déroulement de l'opération, je pense qu'on a éradiqué la menace.

Le ministre de la Défense, parmi les plus populaires du gouvernement de Jean-Marc Ayrault, qui revient d'une tournée internationale où il a notamment défendu le Livre blanc de la défense et de la sécurité nationale - qui prévoit l'achat de drones -  se pose alors en sauveur des forces armées en expliquant que lui, allait privilégier l'utilisation des drones :

J'ai constaté en arrivant qu'il était indispendable d'avoir cette capacité-là qui permet d'avoir une vision d'un théâtre extrêmement précise. (...)

C'est un outil indispensable dans les perspectives de demain. Seulement, il y en a pas. Alors qu'est-ce qu'on fait ? Il y a une urgence.

Le ministre détaille ensuite la démarche à suivre :

Il y a aujourd'hui deux pays qui fabriquent des drones. Les Etats-Unis et Israël, nous sommes rentrés en discussion avec les uns et les autres pour pouvoir en acquérir immédiatement.

Mais, en même temps, j'insiste sur le fait qu'il nous faut une solution pérenne. Ca veut dire se préparer à construire au niveau européen des drones d'une nouvelle génération susceptibles d'être demain le remplaçant des drones qu'on va acheter aujourd'hui.

Il y a la même demande du côté allemand et du coté britannique, donc c'est une façon de construire l'Europe de la Défense.

 

On résume : prise en compte et réponse à une urgence, mais également vision de long terme et ambition de créer une Europe de la Défense, réclamée par de nombreux acteurs du continent mais difficile à mettre en place...

Jean-Yves Le Drian démontre sur Europe 1 qu'il soigne sa communication... Et qu'il a aussi bien préparé le service après-vente du Livre blanc, critiqué par ailleurs pour les quelques 24 000 suppressions d'emploi qu'il planifie dans l'armée.

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