Pour justifier d'avoir été Charlie en 2015, Gilbert Collard reconnaît qu'il lui arrive d'être "un mouton de Panurge"

Publié à 09h32, le 05 janvier 2017 , Modifié à 10h36, le 05 janvier 2017

Pour justifier d'avoir été Charlie en 2015, Gilbert Collard reconnaît qu'il lui arrive d'être "un mouton de Panurge"
Gilbert Collard © Captures d'écran iTÉLÉ

Il y a deux ans, quasiment jour pour jour, une grande partie de la rédaction de Charlie Hebdo étaient assassinée par deux terroristes de Daech, en plein Paris. Cet attentat et celui perpétré deux jours plus tard dans un magasin casher de la porte De Vincennes, avaient entraîné une puissante réaction. Plusieurs millions de personnes avaient ainsi défilé en France, le 11 janvier , au son de La Marseillaise et reprenant un slogan fédérateur : "Je suis Charlie".

Deux ans plus tard, le député RBM Gilbert Collard souffle ostensiblement lorsqu'on lui demande s'il est toujours Charlie. Cela semble l'ennuyer, sans doute parce que le parti duquel il est le plus proche, le Front national, vilipende à l'envi cette manière de "se dire" après chaque attentat . Invité d'iTÉLÉ ce jeudi 5 janvier, l'élu du Gard explique aujourd'hui que s'il s'est dit Charlie, c'était par mimétisme. Voici l'échange :

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-          Gilbert Collard : Vous savez très bien que la liberté d'expression, je la défends et je la défendrai. Je l'ai toujours fait. Ce n'est pas ça la question. Il ne s'agit pas de dire 'je suis Charlie, je ne suis pas Charlie, je suis beau'.



-          Myriam Encaoua : Vous l'aviez dit…



-          Gilbert Collard : Oui bah à ce moment-là, j'ai fait comme tout le monde parce que moi aussi il m'arrive d'être un mouton de Panurge.

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Cela ne signifie pas, pour autant, que Gilbert Collard regrette d'avoir soutenu l'hebdomadaire. "Pas du tout", assure-t-il avec son ton théâtral. "Je pense qu'au moment où le drame est arrivé, on se devait d'être Charlie, parce qu'on se doit d'être avec toutes les victimes, qu'elles s'appellent Charlie, qu'elles ne s'appellent pas Charlie, on s'en fout", explique-t-il avant de ramener très subtilement la couverture à lui :

 

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Ce n'est pas parce que ce sont des journalistes, c'est parce que ce sont des êtres humains qui exercent le métier de journaliste. Ils pourraient exercer le métier de charpentier, d'avocat, d'imprimeur, de taxi, de crêpiers même, ce serait la même chose.

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Pour ceux du fond qui n'auraient pas suivi, le fait que Gilbert Collard passe de Charlie Hebdo aux crêpiers n'est pas du tout un hasard. Le député RBM est en froid avec la profession depuis qu'il a fustigé, sur l'antenne d'Europe 1 fin décembre, la "supercherie" et l'"escroquerie" que constitue selon lui la baisse du chômage. L'élu avait notamment dénoncé, citant Le Canard Enchaîné, les formations que l’on propose aux chômeurs "des stages de crêpier et d’hypnotiseur" alors qu'elles "n'offrent pas forcément un travail, un emploi pérenne". Une déclaration qui a provoqué l'ire… des crêpiers .

Interrogé par le site identitaire Breizh Info début janvier, Gilbert Collard s'était défendu, avait alors dénoncé l'action de "lobbys" . "Des gens – espèces de crêperie de veille – guettent les propos que nous tenons. Ils utilisent la moindre chose pour essayer d’une manière ridicule de monter des petits coups enfarinés contre nous. Cela fait partie de l’état déliquescent de l’information et de l’opinion", avait-il déclaré.

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