Quand il s'agit de dénoncer le communautarisme en France, Malek Boutih ne prend jamais de gants. Et tant pis si cela le met en porte-à-faux avec le patron de son parti, Jean-Christophe Cambadélis.
Invité ce mardi 29 mars sur France 3 avant la séance de questions au gouvernement, à l'Assemblée nationale, le député PS de l'Essonne défend Patrick Kanner. Dimanche 27 mars, le ministre de la Ville a expliqué, au Grand Rendez-Vous Europe 1 / Le Monde / iTÉLÉ, qu'il y avait "une centaine de quartiers en France qui présentent des similitudes potentielles avec ce qui s'est passé à Molenbeek" .
Pour Malek Boutih, Patrick Kanner a raison. Il dit :
"Ça ne ressemble pas exactement à Molenbeek parce que la Belgique a vraiment un système communautariste extrêmement poussé à fond : aucune femme à Molenbeek ne se promène sans voile. C'est la première fois qu'un ministre des banlieues dit un peu la vérité, c'est-à-dire que les ghettos se sont transformés, petit à petit, en zones qu'on ne contrôle pas très bien.
"
Et Malek Boutih de rappeler que "beaucoup des terroristes du 7 janvier et du 13 novembre sont issus de ces quartiers.
Il ajoute :
"C'est la preuve qu'il y a chez nous maintenant des quartiers qui sont des pépinières à terroristes. […] Il y a eu une chaîne de lâchetés qui a produit aujourd'hui, dans un certain nombre de zones, des zones où la République n'existe plus vraiment.
"
Dimanche, dans C Politique, Jean-Christophe Cambadélis avait critiqué les propos tenus par Patrick Kanner quelques heures plus tôt. "Je ne suis pas pour ce discours. C'est pas vrai en tant que quartiers. Dans les quartiers, pour ceux qui les connaissent, on sait très bien qu'il y a une tour, un endroit où il y a des concentrations [...] dire un quartier... On stigmatise", avait commenté le premier secrétaire du Parti socialiste.
De son côté, Manuel Valls a estimé que la comparaison avec Molenbeek n'était "pas bonne car Molenbeek est un quartier en plein centre-ville de Bruxelles", a-t-il dit mardi lors de la réunion de groupe des députés socialistes. "Mais ce qu'a voulu dire Patrick Kanner sur les processus d'enfermement, de communautarisation et de radicalisation... tout cela existe, bel et bien!", a ajouté le Premier ministre.