Pour s'opposer à l'enseignement de l'islam au lycée en Alsace-Moselle, Florian Philippot défend le Concordat au nom de… la laïcité

Publié à 11h40, le 03 novembre 2015 , Modifié à 17h27, le 10 novembre 2015

Pour s'opposer à l'enseignement de l'islam au lycée en Alsace-Moselle, Florian Philippot défend le Concordat au nom de… la laïcité
Florian Philippot © THOMAS SAMSON / AFP

CONTRADICTION - Il y a deux Front national. Il y a celui du Sud, *traditionnel*, centré sur les thématiques historiques du parti comme l'immigration ou l'islamisation (supposée) de la France. Et il y a celui du Nord, plus concerné par les thématiques sociales et parlant de désindustrialisation ou de chômage. Mais parfois, ces deux fronts se rencontrent, comme ce lundi 2 novembre grâce à Florian Philippot.

À un mois du premier tour des régionales, le candidat FN en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine aime beaucoup parler d'immigration et d'islam – quitte à parfois s'embrouiller. En ce 2 novembre, le vice-président frontiste part en croisade contre l'enseignement de l'islam dans les lycées d'Alsace-Moselle.

Dans un communiqué, il écrit :

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Depuis des années, l’UMPS, avec la complicité de divers religieux, tente en Alsace-Moselle d’étendre le Concordat à l’islam par des moyens détournés. L’instruction religieuse catholique, protestante ou israélite y est organisée dans le cadre de l’Éducation nationale. Dès la rentrée 2016, une expérimentation sera tentée dans les lycées pour y ajouter l’islam. Une étape serait ainsi franchie.

 

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L'enseignement de la religion catholique, protestante ou juive est obligatoire au primaire et au collège en Alsace-Moselle, même s'il est possible d'en être dispensé. Florian Philippot ne veut donc pas que la religion musulmane puisse bénéficier du même traitement que les autres religions. Le vice-président du FN présente comme excuse "la laïcité de la République". 

Il ajoute :

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L’extension de ce régime dérogatoire des cultes à une autre religion serait une atteinte tant à la laïcité de la République qu’à la mémoire de ceux qui ont toujours montré leur attachement à la France.

 

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Sauf que le régime concordataire en Alsace-Moselle est une exception au principe de laïcité et à la séparation de l'Eglise et de l'État. L'État rémunère par exemple les prêtres, pasteurs, rabbins… dans la région. L'enseignement religieux obligatoire en primaire et au collège est aussi une grosse entorse à la laïcité. Pas dans l'esprit du vice-président du FN. En revanche, faire rentrer l'islam dans ce système le serait.

À noter que le Concordat date de 1801, une époque où les musulmans étaient peu nombreux à vivre entre Strasbourg et Metz… De fait, l'islam bénéficie en Alsace-Moselle d'un régime particulier lui permettant d'être financé, comme les autres cultes, par de l'argent public.

Selon Le Figaro du 30 octobre, une expérimentation est prévue en Alsace-Moselle pour permettre aux élèves musulmans de suivre des cours de religion à l'école. Des imams, diplômés a minima d'un bac+5, pourraient intervenir dans ces cours de religion.

Cette opposition islam vs. Concordat semble être devenue la marotte de Florian Philippot pour ces régionales. Le 21 octobre sur RTL , il avait juré de se battre pour que l’islam n’entre pas dans le Concordat d’Alsace-Moselle. "Les Alsaciens et les Mosellans sont très attachés à leur droit local et au Concordat et ils ont bien raison, avait-il assuré. […] Il n'y a pas d'injustice. C'est une tradition qui a été posée."

Et le vice-président d'estimer que l'argent donné à la mosquée de Strasbourg aurait pu être destiné à "l'aide aux anciens", "l'aide à la création de petites entreprises" ou "le soutien au service public dans la ruralité". Pas de mot en revanche sur la possible attribution de l'argent donné en Alsace-Moselle aux cultes chrétiens et juifs.

Peu avant, Florian Philippot avait expliqué que le Front national "ne faisait pas de communautarisme" et ne "mettait pas les Français dans des boîtes". "Ils ont tous les mêmes droits mais aussi les mêmes devoirs", avait lancé le chef de file frontiste dans l'Est.

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