L'idée a été avancée par Éric Ciotti ou encore Christian Jacob et approuvée tant par Luc Chatel que par le camp Juppé (avec cependant des réserves). Du côté de Bruno Le Maire et François Fillon, en revanche, c'est niet. Avancer la primaire or not avancer la primaire ? Les candidats sont divisés.
La proposition a été faite dans l'entre-deux-tours des élections régionales, après un premier tour marqué par l'arrivée en tête du FN dans six régions. Au lendemain du second tour, lors duquel Les Républicains ont finalement emporté 7 régions (contre 5 au PS et 0 pour le FN), deux des principaux prétendants s'y opposent cependant, lundi 14 décembre. La question devrait d'ailleurs être évoquée au cours du bureau politique de LR, qui se tient à 11 heures ce lundi, alors que la bataille de la primaire a été relancée dès l'annonce des résultats des régionales, dimanche.
# François Fillon
L'ancien Premier ministre, qui est à la peine dans cette campagne interne à la droite et au centre, est "totalement hostile" à ce que la primaire, prévue pour l'automne 2016, soit organisée plus tôt. Sur RTL, le député de Paris a avancé un obstacle "technique" et mis en garde contre un "soupçon de manoeuvres" :
"Ça ne me paraît pas à la hauteur de la gravité de la situation, et ça n'est pas techniquement possible. On ne touche pas au calendrier électoral dans une République digne de ce nom. Vouloir toucher au calendrier électoral, c'est encourir le soupçon de manoeuvres visant à affaiblir la portée démocratique de ces primaires.
"
Il faut dire qu'en ce qui le concerne, le temps de la campagne qui reste ne sera pas de trop pour réussir à s'imposer sur le terrain idéologique.
# Bruno Le Maire
Le député de l'Eure, quant à lui, n'est toujours pas officiellement candidat. C'est tout comme mais enfin, question de timing personnel, il ne veut pas encore le dire. Organiser la primaire au mois de juin réduirait donc très sérieusement le temps qu'il lui reste pour présenter ses idées. Alors évidemment, il ne dit pas son opposition comme ça. Sur France Inter ce lundi, il a expliqué :
"Je ne vois pas tellement l'intérêt que ça a d'avancer un processus qui se déroule très bien. Il faut savoir ce qu'on veut. Il faut une primaire réussie, ou une primaire ratée ? Moi je veux une primaire réussie, et si on veut une primaire réussie, c'est une primaire à laquelle on se donne le temps de la préparer (sic).
"
"Dans les moments difficiles, un peu de sang froid, ça ne peut pas nuire", a-t-il ajouté.
Déjà la semaine dernière, l'un de ses principaux lieutenants, Thierry Solère, s'était opposé à cette accélération. Soutien de Bruno Le Maire, le député des Hauts-de-Seine est également en charge de l'organisation de la primaire. Et c'est au nom de difficultés organisationnelles qu'il avait plaidé pour le maintien du calendrier actuel :
"Le plus important c’est qu’on fasse une belle primaire largement ouverte, qui permettra à chaque Français d’aller voter avec dix mille bureaux de vote sur le territoire national. J’ai besoin de ces dix mois pour l’organiser. On s’est mis d’accord sur un calendrier. On peut avancer à condition de se donner des moyens logistiques considérables. Pour régler la question du leadership, il faut que la primaire soit incontestée, et donc organisée dans des conditions de température et de pression parfaites.
"
# Juppé est pour
Pour Alain Juppé, c’est Gilles Boyer, bras droit du maire de Bordeaux, qui expliquait à L’Opinion le 10 décembre ne pas être contre tant que les critères définis (comme la répartition des bureaux de vote) restaient applicables. Il disait :
"Je préfère tard mais bien plutôt que tôt et mal. Mais tôt et bien, ce n’est pas inintéressant.
"
Dans Le Figaro ce lundi, le même s'inquiète cepdnant que cela ne débouche sur une "primaire au rabais" : "Peut-on l'organiser dans des condisions satisfaisantes en six mois au lieu de dix ? Ce n'est pas sûr."
Bref, la question est loin d'être réglée.