L'Inspection générale de la ville de Paris voulait supprimer les cours individuels au conservatoire à cause des risques d'infraction sexuelle

Publié à 18h15, le 18 mai 2016 , Modifié à 18h22, le 18 mai 2016

L'Inspection générale de la ville de Paris voulait supprimer les cours individuels au conservatoire à cause des risques d'infraction sexuelle
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À Paris, l'opposition, et notamment Les Républicains, a une grosse crainte : que l'exécutif parisien soit en guerre totale contre le concept de cours individuel. Le Conseil de Paris avait ainsi voté, mi-février, la suppression des cours de musique individuels dans les centres d’animation de la ville . Aujourd'hui, on craint dans les rangs LR que les cours individuels dans les conservatoires ne soient aussi dans le viseur de l'exécutif parisien.

Mardi 16 mai, en conseil de Paris, l'élu LR Thierry Hodent, délégué aux Affaires Scolaires, aux Affaires Internationales et à la Culture du 7e arrondissement de la capitale, a interpellé Bruno Julliard, premier adjoint à la mairie de Paris sur un rapport de l'Inspection générale datant de... juin 2015 . "Bruno Julliard n'écoutait pas vraiment, raconte au Lab un proche du groupe LR au Conseil de Paris. Et puis il a levé les yeux lorsque Thierry Hodent a parlé de pédophilie."

A priori, le lien entre les conservatoires et la pédophilie n'est pas évident. Sauf peut-être pour l'Inspection générale de la ville de Paris. Dans son rapport, donc, sur la "Mission de prévention, de signalement et de traitement, des risques d’infraction sexuelle sur des mineurs, par des agents de la Ville et du département", l'Inspection se prononce en faveur d'une limitation des cours de musique individuels dans les conservatoires. Pourquoi ? À cause des risques de "relations sexuelles et amoureuses entre maître et élève". C'est cette recommandation qu'entendait dénoncer Thierry Hodent.

Voici ce qu'on peut lire dans le rapport :

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Pour la mission, les cours individuels dans les conservatoires sont porteurs de risque de dérapages importants, notamment du fait d’une relation maître–élève individuelle qui s’inscrit dans la durée, de rapports de proximité et de séduction et d’un contexte musical marqué par une banalisation des relations sexuelles et amoureuses entre maître et élève, particulièrement en référence aux relations entretenues par d’illustres musiciens ou musiciennes comme Hélène Grimaud, célèbre pianiste et Jacques Rouvier, son maître, par exemple. […] Pour la mission, mettre fin à ce tête-à-tête entre le maître et l’élève constituerait une mesure préventive efficace.

 

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Si on savait que la musique adoucit généralement les mœurs, on découvre grâce à l'Inspection générale de la ville de Paris que le contexte musical dans son ensemble favorise, voire banalise "des relations sexuelles et amoureuses entre maître et élève".

Ce rapport date de 2015 mais ce n'est qu'au début de l'année 2016 que le groupe LR de la ville de Paris en a eu connaissance. Il avait même été demandé par le groupe LR, en mai 2015, après que la presse a révélé des cas de pédophilie dans l'Éducation nationale . "On  a dû relire ce passage plusieurs fois pour pouvoir y croire. Faire de tous les professeurs des conservatoires de potentiels pédophiles en puissance, c'est hallucinant", explique au Lab l'entourage de la présidente du groupe LR au Conseil de Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet. C'est donc ce rapport qui a été évoqué mardi en conseil de Paris.

Du côté de la mairie de Paris, on se veut plus rassurant, refusant de considérer les professeurs comme des pédophiles en puissance. "Il s'agit de rappeler une règle simple qui est que toute intervention entre un adulte et un enfant doit être encadrée, avec dès que possible plusieurs personnes présentes",  explique-t-on au Lab avant d'ajouter :

 

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L'opposition mélange  deux choses. On a déjà dit que les cours individuels au conservatoire seraient conservés. On l'a toujours dit clairement. On a une règle de démocratisation de l'accès au conservatoire mais on a bien conscience de l'importance d'avoir des cours avec un seul élève.

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Pas sûr que ces mots suffisent à rassurer l'opposition. 

Du rab sur le Lab

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