Critiquer les "mensonges", ou le style "mal fagoté" de François Hollande ne suffit pas à Nicolas Sarkozy. Une brève publiée dans le Point de ce jeudi 19 mars conduit à penser que même les aspects les plus anodins de la personnalité du président suscitent le plus profond mépris de son prédécesseur. Comme ses goûts littéraires, par exemple.
Selon l’hebdomadaire, Nicolas Sarkozy a parfois ce commentaire en privé sur le chef de l’Etat :
François Hollande, c’est Chirac, l’animalité en moins.
Associer le président-retraité, qu’il a toujours tenu en piètre estime, à l’actuel locataire de l’Elysée ? Jusque-là, rien que de très inattendu de la part du patron de l’UMP (qui ne digère sans doute toujours pas le vote pro-Hollande de Jacques Chirac en 2012). Mais ce qu'il ajoute dans la foulée, en revanche :
Imaginez : quand on lui demande quel est son livre préféré, il répond Le Petit prince. Eh bien franchement, si à son âge il en est encore là…
En moquant la passion de François Hollande pour le conte philosophique d’Antoine de Saint-Exupéry (confirmée par Michel Onfray, toujours selon un article du Point en novembre), Nicolas Sarkozy risque pourtant de ne pas se faire que des amis : le chef d’œuvre de l’écrivain-aviateur est sans doute l’ouvrage de la littérature française de jeunesse le plus lu au monde.
En 2006, celui qui n’était pas encore président de la République avait déclenché une polémique en s’indignant du choix "par un sadique ou un imbécile" de mettre La Princesse de Clèves, le best-seller de Mme de La Fayette (1678), au programme d’un concours administratif. Tollé dans le monde de la culture, qui le poursuit encore aujourd’hui.
Il faut dire qu’entre-temps, Nicolas Sarkozy s’est fait fort de peaufiner son savoir littéraire (sous l’influence, a-t-on dit, de son épouse Carla Bruni-Sarkozy). Récemment, il confiait à Paris-Match classer Anna Karenine, le pavé de Tolstoï, parmi ses œuvres favorites.
[BONUS TRACK]
Pour promouvoir la réconciliation des deux ennemis politiques, le Lab ne saurait que trop leur conseiller de se replonger dans ce dialogue de la fable de Saint-Exupéry. Avec François Hollande dans le rôle du Petit Prince et Nicolas Sarkozy dans celui du renard :
- Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis pas apprivoisé. […] - Qu’est-ce que signifie "apprivoiser"? […] - C’est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie "créer des liens…". - Créer des liens? - Bien sûr, dit le renard. Tu n’es encore pour moi qu’un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n’ai pas besoin de toi. Et tu n’as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu’un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde… - Je commence à comprendre, dit le Petit Prince.