Sarkozy a-t-il donné les clefs de l'Elysée à Merkel ?

Publié à 13h05, le 02 décembre 2011 , Modifié à 22h54, le 02 décembre 2011

Sarkozy a-t-il donné les clefs de l'Elysée à Merkel ?
Angela Merkel et Nicolas Sarkozy à l'Elysée. (Reuters)

Nicolas Sarkozy, lors de son discours jeudi soir à Toulon, a fait un pas supplémentaire vers la création d’un nouveau traité européen concerté avec l’Allemagne. Les socialistes comme l’extrême droite craignent que celui-ci ne scelle l’abandon de la souveraineté économique de la France. Réalité ou fantasme ? Le Lab démêle le vrai du faux. Un sujet réalisé avec l'aide de Bruno Jérôme, maître de conférence en économie à Paris II. 

  1. Pour le PS, Sarkozy a capitulé face à Merkel

    Sur Le jdd.fr

    Ils se sont passé le mot. Cette semaine, les cadres du Parti socialiste ont tous attaqué le projet de traité défendu par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, jugeant qu'il était "insupportable" de sacrifier la souverenaité nationale en échange d'un renforcement du pouvoir de la BCE. 

    • Laurent Fabius a déclaré sur Europe 1 vendredi matin "Toulon 2, c'est supercherie 2!". Selon l'ancien Premier ministre socialiste, "les propositions ne répondent pas à la situation. On a une situation d’urgence. Ce qu’il propose, c’est la modification des traités, qui prendra un temps énorme, et ne répond pas à la question du rôle de la Banque centrale."
    • François Hollande, en déplacement à Bruxelles mercredi, a rejeté le dispositif de contrôle du budget national demandé par Berlin. Il a raillé l'attitude du Président face à Angela Merkel. 

    Je constate depuis plusieurs mois que c'est Mme Merkel qui décide et M. Sarkozy qui suit.

    • Benoit Hamon, porte-parole du Parti Socialiste, lors du point presse du parti lundi, était monté au créneau

    Ce seraient donc les tribunaux qui décideraient du bien-fondé d'un budget des Etats de la zone euro, c'est inacceptable, c'est insupportable que l'on arrive à une telle situation.

  2. Pour l'extrême droite, Angela Merkel est déjà au pouvoir

    L'extrême droite n'a elle aucun doute : la France a perdu sa souveraineté et a laissé l'Allemagne décider de son sort. 

    Interviewée jeudi soir par I Télé pour réagir au discours de Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen juge que le discours de Toulon est le discours annonciateur de la perte de souveraineté française. "Ce jour est à marquer d'une croix noire", a-t-elle estimé.

    Voir la video : 

  3. La souveraineté pour les nuls

    Pour sortir l’Europe de la crise, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy doivent présenter leur proposition commune au Conseil européen le 9 décembre prochain. C’est le contenu de ces propositions qui fait tiquer les opposants à Nicolas Sarkozy.

    Car Nicolas Sarkozy et Angela Merkel sont en désaccord à la base. Nicolas Sarkozy souhaite davantage de solidarité envers les pays européens en difficulté. Pour la mettre en oeuvre, le président français voudrait que la Banque centrale européenne puisse racheter une part de leur dette. 

    Angela Merkel, ferme sur le statut indépendant de la BCE, serait prête à faire des concessions sur ce point en échange d’un contrôle accru des budgets des Etats de la zone euro via la Commission Européenne ou la Cour de justice européenne. C’est ce contrôle accru qui représente, pour les opposants de Nicolas Sarkozy, une perte de souveraineté. 

  4. L'avis de l'expert : "Oui, nous allons vers moins de souveraineté". Et c'est normal.

    L'avis de Bruno Jérome, maître de conférence en économie à Paris II et expert des questions économiques pour Le Lab. 

    "La perte de souveraineté est un processus normal. Nous avons passé les quatre stades de l'intégration européenne. Une fois que nous avons adopté la monnaie unique, le cours naturel de l'histoire est d'adopter une politique budgétaire commune, voire un système fédéral où les Etats deviennent de super-régions. 

    La crainte actuelle en France est surtout de faire partie du camp des perdants de la politique budgétaire commune. Les sacrifices à faire nous paraissent immenses parce nous somme habitués à avoir un Etat fort. 

    Nicolas Sarkozy se voit accuser de se laisser guider par Angela Merkel, mais ne pas se laisser guide, à quoi cela aboutirait-il ? Ajouter de la cacophonie à la cacophonie? Continuer la construction européenne a un coût, mais sortir de l'euro a un coût encore plus grand. Nicolas Sarkozy choisit la politique du moindre coût."

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