Au cas où certains en doutaient encore, le Front national est en bonne voie de prouver l'exactitude de l'expression de Jacques Chirac : les merdes volent en escadrille.
Alors que le parti apparaît divisé comme jamais, que le cas de Jean-Marie Le Pen doit être examiné par le bureau exécutif du FN le 4 mai , que Marine Le Pen, Nicolas Bay et David Rachline sont visés dans une enquête pour "financement illégal de campagnes électorales" , etc. voici que le président d'honneur du FN est accusé par Mediapart d'avoir caché de l'argent en Suisse. Ce qui est un tantinet gênant pour un parti qui minore les dérapages de certaines de ses ouailles en évoquant, notamment, l'affaire Cahuzac du camp socialiste.
D'après le site internet dirigé par Edwy Plenel, Jean-Marie Le Pen "a détenu un compte caché chez HSBC, puis à la Compagnie bancaire helvétique (CBH), à travers un trust placé sous la responsabilité légale de son majordome, Gérald Gérin", écrit Mediapart. Qui ajoute :
"2,2 millions d’euros ont été déposés sur le compte de ce trust, dont 1,7 million sous forme de lingots et de pièces d'or.
"
D'après le site internet, Gérald Gérin est "devenu en 2008 l’ayant droit d’un trust basé aux îles Vierges britanniques, Balerton Marketing Limited". C'est cette structure qui a détenu un compte à la HSBC, jusqu'en mai 2014, date à laquelle le compte aurait été clôturé et l'argent transféré aux Bahamas, à la Compagnie bancaire helvétique.
Ancien majordome du couple Le Pen, Gérald Gérin figure aujourd'hui dans l'organigramme très officiel du parti, en tant qu'assistant du président d'honneur.
Élu conseiller régional de PACA en 2010, il est également l'assistant parlementaire de l'eurodéputée FN Marie-Christine Arnautu. Ce qui lui vaut d'être visé, déjà, par l'enquête sur les emplois fictifs présumés de certains assistants frontistes au Parlement européen.
Enfin Gérald Gérin est aussi le trésorier de Cotelec et Promelec, deux associations de financement du Front national, toutes deux créées par Jean-Marie Le Pen, respectivement en 1988 et en 2013. Et Marine Le Pen n'est autre que la secrétaire générale de Promelec, rappelle Mediapart.
[Edit 21h11]
Interrogé ce lundi 27 avril sur les accusations de Mediapart, on ne peut pas dire que Florian Philippot ait fait preuve d'un enthousiasme débordant pour plaider la cause de Jean-Marie Le Pen. Voici ce que le numéro 2 du FN a déclaré sur iTélé à propos de son plus sérieux rival au sein du mouvement frontiste :
"Je ne sais pas du tout si c’est vrai, ça me paraît étrange connaissant Jean-Marie Le Pen. Mais je crois qu’il s’en expliquera, c’est une affaire personnelle qui le concerne. J’ai eu Marine Le Pen au téléphone, qui est très surprise, qui n’en connaissait rien non plus et qui attend elle aussi, comme nous tous, des éclairages et des explications.
"