Stéphane Le Foll s'occupe-t-il plus du PS que de l'agriculture ? Son entourage démine les accusations de la FNSEA

Publié à 19h24, le 23 juin 2013 , Modifié à 19h38, le 23 juin 2013

Stéphane Le Foll s'occupe-t-il plus du PS que de l'agriculture ? Son entourage démine les accusations de la FNSEA
Xavier Beulin et Stéphane Le Foll 22 mai 2012. (Thomas Padilla/MaxPPP)

Non, Stéphane Le Foll ne consacre pas moins de temps aux agriculteurs qu'au PS. C'est le message martelé par le ministère de l'Agriculture après les critiques du président de la FNSEA, Xavier Beulin.

Le chef du premier syndicat du monde agricole, qui organisait aujourd'hui une manifestation et un pique-nique aux Invalides pour la défense de l'élevage, avait demandé jeudi sur Europe 1 à ce que Stéphane Le Foll s'occupe davantage de son portefeuille.

Je lui demande aujourd'hui d'être un peu plus présent dans la sphère agricole et peut-être un peu moins sur d'autres sujets.

L'entourage du ministre s'étonne du reproche :

Au moment où (Xavier Beulin) a dit cela, le ministre était en plein dialogue sur le dossier de la PAC. Le soir même, il a bousculé son agenda pour se rendre au côté des agriculteurs touchés par les intempéries, avec qui il est resté une bonne partie de la nuit.

Et d'ajouter qu'au moment de l'échange avec Le Lab, vers 16h dimanche, le ministre était en train de quitter Le Mans, son fief, pour se rendre à Luxembourg où l'attendent les dernières négociations concernant l'orientation de la PAC. "Un moment crucial pour l'agriculture", répète le cabinet de Stéphane Le Foll.

Mais la ville du Mans est aussi l'objet de critiques formulés par certains de la FNSEA à l'encontre de Stéphane Le Foll. Le ministre est accusé par un militant cité par Le Figaro de passer trop de temps dans son fief, et pas suffisament avec les agriculteurs :

Il n'est pas rare qu'il quitte une réunion vers 17h30 pour aller prendre son train et retourner chez lui au Mans.

On sait très bien qu'il veut quitter son ministère lors du prochain remaniement et qu'il est davantage préoccupé par son avenir politique que par l'agriculture française.

Un proche de Stéphane Le Foll reconnait que la proximité du ministre avec le chef de l'Etat lui donne un poids particulier dans les médias. Et que le ministre ne parle pas que d'agriculture :

En même temps, ça fait aussi partie du rôle d'un ministre que de défendre l'action de son gouvernement et de son président.

Est-ce par mesure de rétorsion que la FNSEA n'a pas invité le ministre à sa "ferme éphémère" ce dimanche 23 juin aux Invalides ? D'autres personnalités politiques, dont le maire de Paris PS Bertrand Delanoë, Rachida Dati et la candidate de l'UMP pour la capitale Nathalie Kosciusko-Morizet, ou encore l'ancien ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire, figuraient, eux, parmi les invités selon le Journal du Dimanche.

L'entourage du ministre démine une fois de plus. Pour un très proche interrogé par Le Lab, ce n'est de toute façon pas la place d'un ministre en exercice :

On ne s'est pas vraiment posé la question (de se rendre ou non à l'événement), ça ne s'est jamais fait par le passé, que ce soit sous Lagarde, sous Barnier, sous Le Maire.

C'est une manifestation pacifique en faveur de l'élevage, organisé par un syndicat, ça pourrait donner l'impression de récupérer le mouvement.

La question n'est donc pas de savoir si Stéphane Le Foll a été, ou non, invité par la FNSEA, assure-t-on au ministère. D'autant que Xavier Beulin "savait que M. Le Foll partait cette après-midi (dimanche) du Mans pour Luxembourg", et qu'il était donc dans l'impossibilité de se rendre aux Invalides.

La question, c'est plutôt de savoir pourquoi Xavier Beulin hausse le ton maintenant à l'encontre de Stéphane Le Foll. Un proche du ministre commence par minimiser l'ampleur de la polémique :

Deux petites phrases à la radio, je ne pense pas qu'il faille surintérpréter les choses.

Je n'ai pas le sentiment que le torchon brûle (l'expression utilisée en titre de l'article du Figaro) entre MM. Le Foll et Beulin. Mais nous sommes dans une période de tension

 A la veille de l'arbitrage sur les subventions versées dans le cadre de la Politique agricole commune, le même estime qu'il s'agit pour Xavier Beulin de "mobiliser le front syndical" grâce à à ces critiques.

Le rééquilibrage des aides de la PAC est en effet un dossier très sensible au sein du monde agricole. L'arbitrage de demain pourrait ainsi voir un renforcement des aides à destination des éleveurs, au détriment de celles à destination des céréaliers, influents au sein de la FNSEA.

Les critiques à l'égard du ministre, "à qui les agriculteurs savent ce qu'ils doivent" assurent le cabinet de Stéphane Le Foll, permettraient donc d'unifier le acteurs sociaux avant ce moment crucial, suggère l'entourage du ministre.

Et de pointer à escient que MM. Beulin et Le Foll "se rencontrent deux fois par semaine" pour se concerter sur la politique à suivre. Il est d'ailleurs prévu qu'ils se rencontrent lundi matin à Luxembourg, avant le début de l'arbitrage. Au ministère, on assure s'inquiéter très modérément de tensions entre les deux hommes.

Du rab sur le Lab

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