Valls entonne l’air du "La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde"

Publié à 10h20, le 11 septembre 2012 , Modifié à 10h25, le 11 septembre 2012

Valls entonne l’air du "La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde"
Manuel Valls sur BFMTV le 11 septembre (capture d'écran)

Comme un air de déjà-vu. Invité de BFMTV ce 11 septembre, Manuel Valls est revenu sur les expulsions de nombreux Roms vers la Bulgarie et la Roumanie, annonçant même que  "7000 reconduites à la frontières" seront menées d’ici à fin septembre. Et, pour les justifier, le ministre de l’Intérieur se réfugie derrière un argument bien connu :

"La France aujourd’hui ne peut pas accueillir toute la misère du monde, comme l’avait dit un ancien Premier ministre. Elle prend sa part mais nous ne pouvons pas accueillir tout le monde. Le message est clair : c’est la fermeté."

Or, la formule, maintes fois utilisées par la droite, de Hervé Morinà Louis Alliot en passant par Bernard Debré, est devenue lourde de sens.

Petit retour en arrière : En 1989, le Premier ministre Rocard estime dans l’émission Sept sur Sept : "Nous ne pouvons pas héberger toute la misère du monde, la France doit rester une terre d’asile politique mais pas plus."

Quelques mois plus tard, devant la Cimade, association d’aide aux étrangers, il précise dans son discours : "La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde, mais elle doit en prendre fidèlement sa part".
La formule ["La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde"] va être reprise largement à droite pour justifier la lutte contre l’immigration. Une paternité que Michel Rocard ne va pas assumer, dénonçant des propos tronqués.

C’est donc une expression hautement polémique, née à gauche et chérie à droite, que Manuel Valls choisit de reprendre à son compte ce 11 septembre. Même s'il prend bien soin d'ajouter que la France "prend sa part", il renverse la hiérarchie défendue par Rocard et insiste : "Mais la France ne peut pas accueillir tout le monde".  

Du rab sur le Lab

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