50 SECONDES D'OPACITÉ - Mains dans les poches, ton posé, petit sourire de politesse de bout en bout. Éric Woerth est tranquille. Le député de l'Oise, ancien ministre du Budget devenu depuis chargé des questions programmatiques pour Nicolas Sarkozy avant d'intégrer l'équipe de campagne de François Fillon, refuse calmement mais obstinément 1) de répondre à la moindre question sur la transparence du Parlement et des crédits alloués aux députés, et 2) d'expliquer pourquoi. La séquence, lunaire et finalement presque cocasse, a été diffusée dans Quotidien jeudi 16 février.
Nous sommes donc, depuis trois semaines, en pleine affaire des emplois fictifs présumés de Penelope Fillon, qui a ramené au premier plan l'opacité qui entoure une partie de l'argent public mis à disposition des parlementaires. Depuis quelques jours, l'émission de Yann Barthès a lancé une "opération Parlement transparent", qui vise à répondre à ces questions, envoyées à chacun des plus de 900 parlementaires français :
Nous avons envoyé ce questionnaire à chaque sénateur et à chaque député. On en reparle dès lundi. #ParlementTransparent#Quotidienpic.twitter.com/wVsUgwZsQ2
— Quotidien (@Qofficiel) 10 février 2017
Quelques dizaines d'élus ont à ce jour retourné un questionnaire complété à Quotidien. Éric Woerth ne fait pas partie de ceux-là. Très clairement, le député LR se fiche pas mal de ces interrogations. Il a donc eu ce non-échange total avec un journaliste de l'émission qui l'interviewait à ce sujet lors du déplacement de François Fillon dans l'Oise mercredi :
50 grosses secondes de... rien. Pour l'histoire, voici la retranscription intégrale de ce dialogue impossible :
"- Éric Woerth : Ah oui mais on a reçu des questions, je crois. Je réponds pas à ces questions, jamais.
- Journaliste : Pourquoi ?
- Éric Woerth : Parce que je réponds pas à ces questions depuis toujours.
- Journaliste : Pourquoi ?
- Éric Woerth : Parce que je réponds pas.
- Journaliste : Mais elles sont légitimes ces questions, non ?
- Éric Woerth : Mais vous faites ce que vous voulez. Je peux légitimement considérer que je ne réponds pas. J'ai le droit aussi non ?
- Journaliste : Mais euh vous pouvez nous expliquer pourquoi ?
- Éric Woerth : Non, non, non. Je ne réponds pas.
- Journaliste : D'accord
- Éric Woerth : Par principe.
- Journaliste : Mais quel principe, justement ?
- Éric Woerth : Les miens.
- Journaliste : Mais c'est-à-dire que les journalistes ou les citoyens ont pas à savoir ce qui se passe au Parlement ?
- Éric Woerth : Les miens, j'ai pas à vous répondre. Je... Les miens. Les miens. J'ai pas à répondre aux questions de la presse.
- Journaliste : Vous comprenez que ça puisse, que les gens puissent trouver ça bizarre que les parlementaires...
- Éric Woerth : Pas les gens. Pas les gens : vous.
- Journaliste : Bah non, c'est aussi les gens qui ont envie de savoir pourquoi le Parlement n'est pas contrôlé, pourquoi les comptes des députés sont pas contrôlés.
- Éric Woerth : Mais vous... vous entendrez la réponse de mes collègues, ce sera très bien.
- Journaliste : Mais pourquoi vous, vous voulez pas y répondre ?
- Éric Woerth : Parce que c'est comme ça.
"
Voilà voilà. On ne sait pas trop quoi rajouter alors on va s'arrêter là. Parce que c'est comme ça.