Stéphane Ravier n'est pas le maire FN dont on entend le plus parler. Le frontiste est pourtant sénateur. L'élu phocéen est également, avec le 7e secteur de Marseille, à la tête d'un territoire de près de 150.000 habitants. Mais Stéphane Ravier ne fait pas trop de vagues, si ce n'est à Noël lorsqu'il médiatise l'installation d'une crèche dans l'Hôtel de ville et s'oppose médiatiquement à ceux qu'il appelle les "laïcards de merde".
Cette prise de position résume l'étrange objet de son aversion contre le "vivre ensemble". C'est l'un des aspects de l'élu qui ressort du documentaire Marseille à l'épreuve du FN, diffusé jeudi 30 avril sur France 3, à 23h35. Le sénateur-maire marseillais hait cette expression. Et il tient à le faire savoir.
Nous voici dans le bureau de Stéphane Ravier, début janvier 2015, quelques instants avant qu'il ne prononce ses vœux pour la nouvelle année. Le maire relit à haute voix le discours écrit par l'un de ses collaborateurs. Et là, il bute sur une expression qui ne lui plaît pas, mais alors pas du tout. "Je souhaite aussi à tous les habitants de faire le maximum d'efforts de leur côté pour que nous vivions bien ensemble… en société ", répète-t-il.
Puis il commente :
"C'est pas trop mon vocabulaire ça… Le bien vivre ensemble… Je vais pas pouvoir m'empêcher de faire la grimace… Le mieux vivre ensemble… Le mieux vivre ensemble… Le mieux vivre ensemble… Eh bien voilà c'est simple : on supprime. C'est aussi simple que ça.
"
Stéphane Ravier reprend sa lecture mais sans l'expression qui lui fait se hérisser les poils. "Ce qui est une nécessité pour que nous vivions… Ce qui est une nécessité… Point", essaye-t-il. Et, comme cela lui semble bon, il ajoute :
"Vivre ensemble. Je t'en foutrai du vivre ensemble.
"
Un extrait à découvrir en vidéo ci-dessous :
Cette expression, "vivre ensemble", Stéphane Ravier ne peut vraiment pas l'encadrer. Un peu plus loin dans le documentaire, en février, un administré membre du collectif de veille contre l'extrême droite lui demande s'il compte participer à la semaine contre le racisme, organisée fin mars. Stéphane Ravier râle. Puis répond :
"Je ne savais pas qu'il y avait une énième semaine pour le vivre ensemble, pour la tolérance. […] Je sais pouvoir vous faire confiance […] sur les bancs de l'UMP pour ensemble, tous ensemble, participer à cette semaine de lutte contre le racisme qui va nous coûter les yeux de la tête et ne fera pas avancer le Schmilblick. Je pourrai peut-être tenir le stand du racisme anti-français, si vous voulez. Ou le racisme anti-chrétien.
"
Même constat après les attentats de janvier à Paris, le maire FN du 7e secteur découvre que Jean-Claude Gaudin serait favorable à l'armement de la police municipale, ce à quoi le premier édile marseillais a longtemps été opposé, contrairement à l'élu frontiste.
Dès l'annonce signée Gaudin, Ravier s'empresse de demander à l'un de ses collaborateurs de lui écrire un communiqué dans lequel il veut que soit moquée l'attitude du maire marseillais. "Il me méprisait, expliquant que Marseille c'était le vivre ensemble, que tout allait bien, et patati et patata", suggère l'élu FN.
Non vraiment, "ensemble", tout ne devient pas possible dans le 7e secteur de Marseille.
[BONUS TRACK] Ah, cette Rom…
Il n'y a pas que le vivre ensemble qui irrite Stéphane Ravier. Il y a aussi cette femme, d'origine rom si l'on en croit les dires du sénateur-maire FN. Alors qu'il est dans une voiture conduite par l'un de ses collaborateurs, l'élu frontiste s'énerve contre cette femme qui mendie à un feu. Il dit :
"Ah celle-là, j'te jure. Madame la Rom... Ah, elle le couvre son gamin quand même.... Non mais c'est pas possible. Elle m'a pourri le quartier. Elle me rend fou celle-là.
"
Tout cela devant l'œil des caméras bien installées à l'arrière du véhicule.