WELL, THAT ESCALATED QUICKLY - Les violences et dégradations commises par les casseurs en marge des manifestations contre la loi Travail, depuis des semaines, sont dénoncées avec force par la classe politique, notamment du côté de Les Républicains. Et un événement récent est en train de susciter une surenchère verbale entre certains cadres du parti de Nicolas Sarkozy : la violente attaque et l'incendie d'une voiture de police avec deux agents à bord, près de la place de la République à Paris, mercredi 18 mai.
Étape 1, jeudi. Le directeur général de LR (et ancien directeur de la police nationale) Frédéric Péchenard estime qu'il s'agit là d'"actes pré-terroristes" car ils relèvent d'une "utilisation politique de la terreur". Étape 2, jeudi toujours. Le sénateur LR Roger Karoutchi reprend cette analyse et monte en gamme : "J'enlèverais 'pré'. Ce sont des actes terroristes." Étape 3, ce vendredi. Le député LR Jean-Pierre Giran estime lui aussi que les auteurs de ces violences sont des "terroristes", et franchit un nouveau cap en les qualifiant de "Daesh de l'intérieur".
Sur France Bleu Provence vendredi 20 mai au matin, l'élu du Var se dit d'abord "absolument scandalisé, stupéfié par les images de la voiture de police agressée dernièrement". "Ce n'est plus une manifestation, ce ne sont même plus des casseurs, ce sont des tentatives de meurtre, ajoute-t-il [...]. La police n'est pas une cible, n'est pas le poulet rôti promis à la mort par certains."
Jean-Pierre Giran embraye :
"Il faut avoir des sanctions beaucoup plus fortes. Honnêtement, il ne faut plus traiter ces casseurs comme de simples agités qui viennent dans une manifestation casser un abribus ou une vitrine. Il y a tentative de meurtre contre les gardiens de la République que sont les policiers. Cela est intolérable parce que si on laisse faire, il n'y a plus de limite et plus de société. [...] De mon point de vue, ce qui se passe là, c'est du terrorisme, ce sont des 'Daesh' de l'intérieur.
"
Une sortie à réécouter ici :
Jean-Pierre Giran argumente : selon lui, les auteurs de ces violences sont des "jeunes qui ne revendiquent rien" sur le plan politique, ayant pour seul programme de "casser du flic". "Cette guerre qui est déclarée, il faut que la République la mène, assène-t-il. Parmi les députés, je suis l'un des moins sécuritaires mais là, c'est la République qui est attaquée", poursuit-il.
Et de filer la métaphore avec une autre organisation terroriste internationale :
"On envoie un engin incendiaire à l'intérieur [de la voiture] pour tuer les policiers. [...] Ça me rappelle les brigades rouges de l'époque.
"
Jean-Pierre Giran dénonce encore des "bandes militarisées qui veulent détruire la République".
Certes, les "casseurs" en question ne défendent pas une opposition politique au gouvernement et à la loi Travail. Ils mettent à exécution leur idéologie révolutionnaire par la violence contre les symboles de l'État et du "système". Mais la comparaison avec les membres de l'État islamique, dont les dernières attaques sanglantes sur le sol français remontent à moins de six mois, semble un tantinet hors de propos.
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