FLAIR – Dans son livre Ayrault, l’inconnu de Matignon, Jean-Marie Biette revient sur les avertissements lancés par Jean-Marc Ayrault à Lionel Jospin un mois avant le 21 avril 2002.
"Se réfugier dans le vote protestataire..."
Qui avait averti Lionel Jospin des risques du 21 avril 2002, "la blessure la plus profonde des socialistes", dixit le député Olivier Dussopt ?
Réponse : Jean-Marc Ayrault.
D’après l’ouvrage retraçant la vie politique du Premier ministre et écrit par le directeur de Ouest-France en Loire-Atlantique, Jean-Marie Biette, l’ancien maire de Nantes avait glissé une note à Lionel Jospin dès le 25 mars 2002.
Un passage publié parmi les "bonnes feuilles"sur le site du quotidien régional :
Lionel Jospin vante souvent les « intuitions politiques » de l'élu nantais, mais il ne prend pas assez au sérieux sa note du 25 mars 2002, moins d'un mois avant le séisme du 21 avril.
Avec le recul, le flair politique de Jean-Marc Ayrault saute aux yeux. Il est l'un des rares socialistes à avertir le candidat des ratés de sa campagne.
Qu’écrit alors celui qui était déjà président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale ? Il met surtout en garde contre une désaffection de l’électorat populaire :
Beaucoup d'ouvriers et d'employés ont le sentiment que la gauche de gouvernement ne parle plus d'eux, qu'ils sont devenus marginaux.
Ce qui conduit nombre d'entre eux à se réfugier dans le vote protestataire.
Quelques jours plus tard, dans la semaine précédant le premier tour du scrutin, Gérard Le Gall, spécialiste des sondages au sein de l’équipe de campagne de Lionel Jospin, tire également la sonnette d’alarme. Trop tard. Il prévenait pourtant le Premier ministre en exercice en ces termes :
Politiquement, ça me semble impossible; mais, arithmétiquement, Le Pen peut maintenant te dépasser.