ARCHIVES - Les 106 versions nécessaires au discours d'adieu de Chirac en 2007

Publié à 17h02, le 21 janvier 2015 , Modifié à 17h11, le 21 janvier 2015

ARCHIVES - Les 106 versions nécessaires au discours d'adieu de Chirac en 2007
Jacques Chirac le 11 mars 2007. © image Dailymotion.

COULISSES D'ARCHIVES - C'était le 11 mars 2007. Jacques Chirac enregistre son message d'adieu aux Français depuis l’Élysée, celui dans lequel il annonce qu'il ne se représentera pas pour un troisième mandat. Un discours de dix minutes maintes fois remanié, comme nous l'apprend Les Chirac, les secrets d'un clan de la journaliste du Monde Béatrice Gurrey.

L'ouvrage, paru le 19 janvier, raconte les dernières années présidentielles de Chirac et l'isolement progressif qui a suivi. Un Chirac toujours entouré/encadré par son "clan", Bernadette et Claude Chirac. Au milieu des 240 pages, on trouve donc ce récit sur la confection du discours d'adieu de mars 2007. C'est Frédéric Sallat-Baroux, alors secrétaire général de l'Elysée et bientôt époux de Claude Chirac, qui est chargé de rédiger le message. Et il aura fallu 106 moutures pour aboutir à la version finale.

L'un des points de tension repose sur une phrase qui marquera ce discours d'adieu :

Cette France que j'aime autant que je vous aime.

Elle a germé dans l'esprit de Sallat-Baroux un soir qu'il travaillait chez lui, "en écoutant du Calogero". Mais Jacques Chirac n'en veut pas. Il la rejette à chaque version : "Ah non. Ça, non."

La plume décide de la garder malgré tout au fil des versions remaniées. Et finit par obtenir gain de cause. Il raconte à Béatrice Gurrey :

Ça a été épique. Je me suis tellement battu qu'il a fini par se dire que ce que je lui proposais avait du sens. Il fallait maintenant qu'il arrive à le dire , il l'a fait. Après quarante ans de carrière, il ne pouvait pas partir comme ça sans dire aux gens qu'il les aimait.



Il fallait lui imposer ça, parce que c'était quelque chose qui lui ressemble. Il l'éprouvait, il n'y a aucun doute là-dessus. Claude [Chirac] a dû voir une mouture par jour, elle était archi d'accord avec moi sur la phrase.

Au bout de la 106e version, le discours se conclut ainsi :

C’est avec beaucoup d’émotion que je m’adresse à vous ce soir. Pas un instant vous n’avez cessé d’habiter mon cœur et mon esprit, pas une minute je n’ai cessé d’agir pour servir cette France magnifique, cette France que j’aime autant que je vous aime. Cette France riche de sa jeunesse, forte de son histoire, de sa diversité, assoiffée de justice et d’envie d’agir. Cette France qui, croyez-moi, n’a pas fini d’étonner le monde.



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