C’est un classique de l’interview politique, qui plonge immanquablement la personnalité interrogée dans un certain embarras : tenter de lui faire dire du bien de son adversaire.
À toutes les jeunes pousses politiques qui n’ont pas encore été confrontées à ce cas d’école, le Lab ne peut que recommander de s’inspirer de la réaction d’Alain Juppé dimanche 1er mars sur le plateau du Bondy Blog Café.
Règle numéro 1 : faire mine de réfléchir longuement et mettre en scène sa perplexité
Ce que fait le maire de Bordeaux avec brio, alors qu’un journaliste du Bondy Blog lui demande : "Qu’est-ce qu’il a fait de bien, François Hollande ?" Alain Juppé s’accorde alors quelques secondes et mime l’embarras :
"Euh, je ne sais pas, il faut que je réfléchisse, c’est une question piège, j’essaie de chercher, je ne trouve pas trop…
"
Règle numéro 2 : se rabattre sur un thème consensuel dans l’opinion
C’est donc tout naturellement que l’ancien patron du quai d’Orsay sort l’international de sa besace. Un sujet qui ne fait pas partie des préoccupations prioritaires des Français et sur lequel l’action de François Hollande n’est pas trop contestée. Il déclare :
"Sur le plan de la politique étrangère par exemple, aller stopper l’offensive des djihadistes contre Bamako et éviter que le Mali ne devienne un califat, il fallait le faire. Il l’a fait, c’est bien.
"
Et voilà le travail. Il ne sera pas dit qu'un candidat à la primaire UMP fait preuve de complaisance avec un président qu’il entend remplacer en 2017.
Regardez la tactique en deux temps d'Alain Juppé pour se sortir de la "question piège", isolé par le site de LCP :
[BONUS TRACK] - La face (vraiment) cachée de Juppé
Et pour conclure ce Bondy Blog Café, une question plutôt WTF eu égard à la personnalité très réservée d’Alain Juppé sur tout ce qui touche à son intimité : "Vous êtes féministe, mais vous avez une part de féminité en vous ?"
Presque gagné, l’ex-chef du gouvernement acquiesce dans un sourire mais ne va pas beaucoup plus loin :
"Oui, je pense. Ça me donne envie d’évoquer quelques souvenirs, mais je ne le ferai pas.
"
On attend les grandes révélations pour la présidentielle alors.