Le cas Zemmour divise la classe politique française. La chaîne iTélé a décidé vendredi 19 décembre d'arrêter l'émission de débat Ça se dispute, à laquelle le polémiste participait, en raison de récents propos polémiques de ce dernier sur les musulmans. Éric Zemmour a depuis reçu le soutien d'un assez grand nombre de responsables publics, du Front national au Parti de Gauche en passant par l'UMP.
Dimanche 21 décembre, c'était au tour de Christian Jacob de s'insurger contre ce qu'il considère comme une atteinte à la liberté d'expression. Invité du Grand Rendez-vous Europe1/Le Monde/iTélé, le patron des députés UMP a estimé que le cas de l'auteur du Suicide français révélait en quelque sorte un traitement "deux poids, deux mesures" entre les idées de droite et celles de gauche dans les médias :
"Moi je suis choqué, parce que cette bien-pensance qui consiste à dire qu'on ne peut pas être polémiste de droite, en revanche si on est polémiste de gauche, ça c'est pas grave...
"
Et Christian Jacob de proposer "d'interdire d'antenne" le journaliste Jean-François Khan, fondateur de l'hebdomadaire Marianne (qui n'est toutefois pas au niveau d'Éric Zemmour selon lui) :
"Pourquoi on n'interdirait pas d'antenne Jean-François Kahn, qui est aussi un polémiste, bon il a certes je dirais l'intelligence et la culture en moins par rapport à Zemmour, mais pourquoi lui il peut toujours s'exprimer ?
Je trouve ça choquant, ces procès d'intention me choquent, et je suis loin de partager toutes les thèses de Zemmour mais je pense qu'il contribue au débat public.
"
Le même Jean-François Kahn qui, "très choqué", a pris la défense d'Éric Zemmour dans une interview au Figaro Vox, samedi. Mettant en avant les besoins d'un débat public "avec un contradicteur" et donc "deux sensibilités", il jugeait qu'iTélé avait cédé au "lynchage médiatique" et considérait "détestable" les raisons pour lesquelles, selon lui, Éric Zemmour avait été remercié :
"Cela fait vingt ans qu'il tient le même discours. [...] Pourquoi s'en séparer maintenant ? À cause d'un "mot" qu'il n'a même pas prononcé ["déporter", ndlr]. Je trouve le procédé qui consiste à utiliser un "mot" ou une "phrase", souvent sorti de son contexte, pour éliminer quelqu'un, détestable. Je le dis d'autant plus volontiers que j'ai été moi-même victime de cette méthode.
"
Éric Zemmour n'est cependant pas "interdit d'antenne", puisqu'il reste employé par RTL et Paris-Première, ainsi que par Le Figaro. iTélé a mis en avant la "cohérence" de sa ligne éditoriale pour justifier l'arrêt de cette collaboration vieille de dix ans, après la publication d'une interview au Corriere della Sera, dans laquelle l'ancien journaliste évoquait la possibilité de chasser des millions de musulmans du territoire français en les mettant dans des avions ou des bateaux.
Certes, le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale admet que certains propos d'Éric Zemmour "peuvent choquer". "Mais un polémiste, quand on l'invite sur un plateau de radio ou de télé, c'est pour provoquer et susciter les réactions", estime Christian Jacob. Et s'il reconnaît qu'une chaîne de télévision est "libre de sa ligne éditoriale", il se demande "au nom de quoi" certains sont "interdits" et pas d'autres :
"Au nom de quoi une chaîne interdit certains polémistes et pas d'autres ? On a vraiment le sentiment - et je pense que beaucoup de Français le ressentent de cette manière aujourd'hui - que si on est polémiste de gauche et d'extrême gauche, c'est pas grave, mais polémiste de droite, ça ça gêne quand même.
"
Avant de conclure d'un joyeux :
"Et merci de me permettre de le dire sur iTélé !
"
[Edit 14h25 : ajout de l'interview de Jean-François Kahn au Figaro]