L’OCCASION FAIT LE LARRON - Attention, un quai de train peut cacher un projet de loi endormi au Parlement. La révélation, par Le Canard Enchaîné, de l’affaire des trains trop larges est intervenue parallèlement à l’accélération de la réforme ferroviaire, enlisée depuis 2013.
Ainsi apprend-on au Journal Officiel de ce vendredi 23 mai que le texte est désormais inscrit à l’ordre du jour via la procédure accélérée, que le gouvernement a prévu d’utiliser "plus fréquemment", dixit Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’Etat chargé des Relations avec le Parlement.
Le texte, qui arrive en commission à l’Assemblée le 27 mai, devrait être débattu dans l’hémicycle le 17 et au Sénat à partir du 1er juillet. La processus avait été lancé, et annoncé en Conseil des ministres avant "l’Affaire des quais". Une affaire qui, in fine, pourrait profiter au gouvernement.
L’entourage du ministre des Transports, Frédéric Cuvilier, assure ainsi au Lab :
"Cela a permis de mettre en valeur l’importance de cette réforme aux yeux du grand public, de montrer la nécessité de relancer cette réforme.
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Comme Ségolène Royal, qui estime dans Le Parisien de ce vendredi 23 mai que cette histoire est en fait une opportunité pour remettre à niveau de nombreux quais et gares désuets – notamment en faveur des handicapés -, la majorité tente ainsi de rebondir sur cette "opportunité". Ce que le ministre des Transports, Frédéric Cuvilier avait rapidement évoqué à l’irruption de cette polémique.
De leur côté, les députés socialistes ont eu la surprise de recevoir, le 21 mai dans leur boîte mail, au moment où cette histoire de trains trop larges occupait les unes de l’actualité, le rapport des auditions menées par le groupe socialiste de Guillaume Pepy, le président de la SNCF, et de Jacques Rapoport, président de Réseau ferré de France. Des auditions qui ont pourtant eu lieu le 30 avril 2014, avant que le bug ne s’ébruite.
Dans ce rapport ressort l’idée de la nécessité de mener cette réforme ferroviaire. "Le redressement passe par le regroupement" de la SNCF et de RFF, est-il écrit d’emblée dans ce rapport qui affirme que "les solutions" sont "dans le projet de loi".
"On peut attendre de tout ça, le redressement des qualités de service, l’efficacité du système, l’orientation raisonnée des investissements, la logique de programmation sera plus pertinente, l’amélioration de la performance économique et la maîtrise de la dette.
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L’occasion était donc trop belle pour le gouvernement de communiquer sur le sujet, lui qui a ressorti du bois le projet de loi déposé en octobre 2013 à l’Assemblée nationale par Jean-Marc Ayrault, Philippe Martin et Frédéric Cuvilier mais jamais inscrit jusque là à l’ordre du jour de la chambre basse.