Quand le conseiller Emmanuel Macron se moquait du ministre Arnaud Montebourg via des "métaphores latinos"

Publié à 19h51, le 09 février 2015 , Modifié à 12h15, le 10 février 2015

Quand le conseiller Emmanuel Macron se moquait du ministre Arnaud Montebourg via des "métaphores latinos"
© montage ERIC PIERMONT AFP

TROPISME - Ces deux-là ne sont pas de la même école socialiste, n'ont pas le même âge, et si l'un a succédé à l'autre, on ne peut pas dire qu'ils partagent les mêmes références. Dans son dernier livre Les grands garçons ( Ed Plon), le journaliste Claude Askolovitch explique les itinéraires croisés de quadra-quinqua qui ont accédé au pouvoir en 2012 : Manuel Valls, Arnaud Montebourg, Vincent Peillon et Benoit Hamon.

Au détour des pages consacrées à Montebourg ministre, on croise celui qui va lui succéder : Emmanuel Macron, alors conseiller économie du Président. Un conseiller  qui n'hésite pas à se moquer de l'occupant de Bercy. Et l'on découvre, le gout de l'actuel ministre pour les "références latinos". Claude Askolovitch rappelle la déclaration d'Emmanuel Macron quand il a découvert le projet - élaboré durant la campagne de 2012- de taxe à 75 %: "Tu fais Cuba sans le soleil !" avait il lancé au candidat PS.

L'auteur rappelle une autre scène relatée par Vanity fair: une réunion le 19 juin 2014 à l’Élysée. Le Président y réunit ministres et conseillers concernés pour boucler l'affaire Alstom. L'américain General Electric a alors présenté une nouvelle offre mais Arnaud Montebourg a bataillé ferme et entend continuer à le faire en faveur d'une solution avec l'allemand Siemens. En vain et on le lui fait comprendre. Le conseiller Macron, dont Montebourg pense être l'ami, se lève et lui lance : 

"

Une entreprise privée à qui l'on impose une vente, ça n'existe pas, sauf au Venezuela !

"

Le Venezuela de Chavez, pas vraiment une référence pour François Hollande. Montebourg  plaisante moquant une "macronisation de l'économie". Néanmoins, ce n'est pas la première fois qu'Emmanuel Macron attaque Arnaud Montebourg. Autre dossier et autre bataille difficile, Florange fin 2012. Alors en guerre contre l'indien Mittal, le ministre du Redressement productif plaidait pour une nationalisation de l'entreprise. Macron l'avait alors moqué :

"

Il n'y a plus qu'au Venezuela qu'on fait ça ! 

"

[Bonus Track] Les références  littéraires d'Arnaud Montebourg

Arnaud Montebourg, lui, puise ses références dans la poésie française. Ainsi, après son éviction du gouvernement par Manuel Valls, à la fin de l'été 2014, il explique à l'auteur : 

"

Manuel et moi, c'est Le Loup et le Chien de La Fontaine 

"

Pour mémoire, la pièce raconte comment le chien invite le loup errant à le rejoindre au service de l'homme. Le Loup tenté hésite avant de se raviser. Une métaphore sur la liberté mais aussi sociale note l'auteur.

Extrait :

" Il ne tiendra qu'à vous beau sire,
 D'être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.
 Quittez les bois, vous ferez bien :
 Vos pareils y sont misérables,
 Cancres, haires, et pauvres diables,
 Dont la condition est de mourir de faim.
 Car quoi ? rien d'assuré : point de franche lippée :
 Tout à la pointe de l'épée.
 Suivez-moi : vous aurez un bien meilleur destin. "
 Le Loup reprit : "Que me faudra-t-il faire ?
 - Presque rien, dit le Chien, donner la chasse aux gens
 Portants bâtons, et mendiants ;
 Flatter ceux du logis, à son Maître complaire :
 Moyennant quoi votre salaire
 Sera force reliefs de toutes les façons :
 Os de poulets, os de pigeons,
 Sans parler de mainte caresse. "

Du rab sur le Lab

PlusPlus