Les arguments de Sarkozy ... contre la proposition de Sarkozy. Le candidat à la présidence de l'UMP s'est prononcé pour la première fois le 15 novembre pour l'abrogation de la loi Taubira sur le mariage gay et pour la création de deux mariages différents, l'un destiné aux hétérosexuels et l'autre aux homosexuels. Or, pas besoin d'aller chercher chez ses adversaires pour déminer cette proposition. Le Sarkozy de 2012 sait très bien le faire tout seul.
Si la proposition du candidat est encore très vague, voici ce qu'il a déclaré devant les militants du collectif Sens commun samedi :
Moi je crois à la différence, je veux un mariage pour les homosexuels, un mariage pour les hétérosexuels, qui tiennent compte justement de la différence, parce que c’est pas la même chose !
Son porte-parole, Gérald Darmanin, précise les choses ce 17 novembre sur BFMTV : le mariage "pour les homosexuels" serait déconnecté de l'adoption et de la filiation pour "empêcher le droit à l'enfant" et l'accès à la PMA et à la GPA.
Les bases sont donc jetées : deux mariages différents ouvrant des droits différents. Pourtant, en 2012, en pleine campagne, Nicolas Sarkozy expliquait très précisément pourquoi il s'était résolu à ne pas mettre en place deux contrats distincts.
A l'époque, celui qui est encore président de la République justifie la non-mise en place du contrat d'union civile, une promesse de sa campagne précédente. Et c'est bien le fait de réserver un contrat aux seuls homosexuels qui lui pose problème, comme il l'explique au Figaro Magazine en février 2012 :
J’avais proposé en 2007 un contrat d’union civile. Nous ne l’avons pas mis en œuvre parce que nous nous sommes rendu compte qu’il était inconstitutionnel de réserver ce contrat aux seuls homosexuels.
Il développe sa pensée auprès de Têtu en mars de la même année : constatant qu'un mariage réservé aux couples gays serait inconstitutionnel, Nicolas Sarkozy explique avoir refusé d'ouvrir une autre forme de mariage - le contrat d'union civile - à l'ensemble de la population, au risque de dévaloriser le mariage. Il l'explique ainsi, précisant qu'il veut être "le plus franc possible" :
En 2007, j’ai pensé qu’on pouvait faire un contrat d’union civile en mairie. Après analyse, les juristes ont indiqué qu’il était anticonstitutionnel de réserver ce contrat d’union civile aux seuls homosexuels, qu’il devait aussi être ouvert aux hétérosexuels.
Du coup, ce n’était plus le mariage des homosexuels entre guillemets, mais un substitut au mariage. Dans ces conditions, j’ai estimé, à tort ou à raison, qu’une telle disposition aurait vidé le mariage de tout son sens.
Créer un deuxième mariage aurait "vidé le mariage de tout son sens", craignait donc le Sarkozy de 2012. Celui de 2014 met cette proposition sur la table.