L'OCCASION FAIT LE LARRON - "C’est un mauvais chiffre", a reconnu sans ambage, ce 13 août, le ministre des Finances Michel Sapin, à propos de l’annonce de l’INSEE selon laquelle la croissance du deuxième trimestre a stagné à 0%. Ni une, ni deux, les "frondeurs" socialistes, de l’aile gauche du PS, en ont profité pour rappeler leurs mises en garde envers le gouvernement et leurs réticences face à la politique de l’offre prônée par François Hollande.
Ainsi, l’un des députés PS leaders de cette rébellion réunie sous l’appellation "Appel des 100" lâche franco :
Croissance en berne: et si les "frondeurs" avaient eu raison? @appeldes100
— Laurent Baumel (@laurentbaumel) 14 Août 2014
Une chansonnette déjà entonnée par Christian Paul, député PS de la Nièvre, dans une tribune sur Rue89. Pour ce proche de Martine Aubry, qui répliquait alors à la censure partielle du budget rectificatif de la Sécurité sociale, notamment son volet social, les "frondeurs" ont eu raison contre François Hollande et le gouvernement.
De son côté, le député PS Pierre-Alain Muet, vice-président de la commission des Finances de l’Assemblée, estimait dès le 20 juin que le plan d’économies de l’Appel des 100 était "plus réaliste" que celui du président et de Manuel Valls. Suite aux résultats actant la panne de l’économie française, l’élu lyonnais remet une nouvelle fois en cause "la politique de l’offre".
La croissance nulle en France et dans la zone euro rappelle qu'on ne sort pas d'une récession par une politique de l'offre !
— Pierre Alain Muet (@pierrealainmuet) 14 Août 2014
Et ajoute qu’il faut revoir le pacte de responsabilité :
Croissance zéro : Il y a urgence a réorienter les politiques européennes ... mais aussi le pacte de responsabilité !
— Pierre Alain Muet (@pierrealainmuet) 14 Août 2014
Une requête qui ne devrait pas être entendue par le gouvernement. Dans une tribune au Monde daté du 15 août, le ministre des Finances écrit qu’il "ne peut être question de dévier de ce chemin tracé par le président de la République, le premier ministre et la majorité parlementaire". Il ajoute :
La volonté c’est, en France, de mettre en œuvre le pacte de responsabilité et de solidarité décidé et voté par le Parlement.
Les discussions au Parlement sur le Budget 2015, prévu à la rentrée, risquent de provoquer de nouvelles tensions entre ces deux visions économiques qui cisaillent le PS.
[BONUS] Le soutien de Duflot
Cette partie du PS hostile au pacte de responsabilité a du soutien chez les Verts. Cécile Duflot, qui a quitté le gouvernement avec l’arrivée de Manuel Valls à Matignon, a des convergences de vue avec les frondeurs. Ce 14 août, elle lance ainsi, ne cachant pas son hostilité à la ligne économique du gouvernement :
Ah tiens, le 14 août on dirait que ça ne va pas marcher comme prévu... C'était prévisible, pourquoi continuer dans une mauvaise direction ?
— Cécile Duflot (@CecileDuflot) 14 Août 2014