Ce vote, "c'est une défiance à l'égard de l'Europe", et "c'est une défiance à l'égard des partis de gouvernement", a commenté François Hollande au cours d'une allocution solennelle d'un peu moins de cinq minutes, lundi 26 mai, au lendemain de la victoire du Front national aux élections européennes.
Comme le montre cette représentation des termes utilisés par François Hollande dans son allocution, il n'a toutefois jamais été question directement du "Front national" :
Voici la vidéo de cette intervention :
Les européennes ont "livré leur vérité, elle est douloureuse", a ajouté François Hollande.
Voici l'intégralité de cette déclaration :
Mes chers compatriotes,
Dimanche, les élections européennes ont livré leur vérité. Elle est douloureuse.
Six Français sur dix ne se sont pas déplacés. Un électeur sur quatre a voté pour l’extrême
droite.
C’est vrai, partout les partis européens progressent. Mais c’est en France, pays fondateur de
l’Union Européenne, Patrie des droits de l’homme, pays des libertés que l’extrême droite
arrive aussi largement en tête.
Bien sûr ce vote n’efface pas tous les suffrages, ceux qui se sont portés notamment sur les
partis européens. Mais ce vote il est là et il doit être regardé en face. C’est ce que je fais.
Comment l’interpréter ? Ce vote, c’est une défiance à l’égard de l’Europe, qui inquiète plus
qu’elle ne protège.
C’est une défiance à l’égard des partis de gouvernement, de la majorité, comme de
l’opposition. Ce vote, c’est une défiance à l’égard de la politique qui, après tant d’années de
crise, appelle toujours des efforts sans que l’on voie encore les résultats.
Ce serait une faute et je ne la commettrais pas, que de fermer les yeux sur cette réalité. Parce
qu’elle traduit une peur du déclin de la France, de la mondialisation et ce sentiment exprimé
tant de fois, d’abandon face à la dureté de la vie. Mais le pire, le pire ce serait de renoncer à ce
qui fait la France, ses valeurs, son rang, son influence, son ambition, sa place en Europe et
dans le monde.
Nous sommes un grand pays et il ne peut concevoir son destin dans le repli, dans la fermeture,
dans le rejet. L’Europe, elle ne peut avancer sans la France, mais l’avenir de la France, il est
en Europe.
Je suis Européen, mon devoir c’est de réformer la France et de réorienter l’Europe. L’Europe,
elle a réussi, notamment depuis deux ans, à surmonter la crise de la zone Euro - elle était
proche de l’éclatement - mais à quel prix ? Celui d’une austérité qui a fini par décourager les
peuples.
Aussi, demain, pas plus tard que demain, au Conseil européen, je réaffirmerai que la priorité
c’est la croissance, c’est l’emploi, c’est l’investissement. L’Europe, elle est devenue illisible,
j’en suis conscient, lointaine et pour tout dire incompréhensible, même pour les Etats. Cela ne
peut plus durer. L’Europe, elle doit être simple, claire, pour être efficace là où elle est
attendue, et se retirer là où elle n’est pas nécessaire.
L’Europe, elle doit préparer l’avenir : les nouvelles technologies, la transition énergétique et
sa propre défense. Elle doit protéger ses frontières, ses intérêts, ses valeurs, sa culture. Tel
doit être le mandat qui doit être confié à la prochaine Commission Européenne et j’y veillerai.
Mais pour parler d’une voix forte, la France doit elle-même être forte.
Depuis dix ans, elle perd ses emplois, notamment dans l’industrie, sa compétitivité se
dégrade, son déficit commercial se creuse. Depuis dix ans, la France, à cause de politiques qui
n’ont pas été conduites, elle a accumulé des dettes.
Ce n’est pas l’Europe qui nous demande de faire des réformes. C’est pour la France que nous
devons les mener à bien et c’est ce que j’ai décidé, en confiant au gouvernement de Manuel
VALLS sa feuille de route, quelle est-elle ?
C’est l’emploi par le soutien aux entreprises, le pacte de responsabilité. C’est le pouvoir
d’achat par des baisses d’impôts. C’est la justice sociale par la priorité répétée, réaffirmée à
l’éducation. C’est la simplification, la modernisation et ce sera tout l’enjeu de la réforme de
notre organisation territoriale, de grandes régions, avec une évolution de nos collectivités et ce
sera présenté dès la semaine prochaine.
Cette ligne de conduite, elle ne peut pas dévier en fonction des circonstances, il y faut de la
constance, de la ténacité, du courage. Mais aussi de la rapidité dans la mise en oeuvre. Parce
que les Français ne peuvent pas attendre.
L’avenir. Nos institutions sont solides. Elles nous donnent les moyens d’agir et, au bout du
chemin, j’en suis convaincu, mais il faudra le démontrer, ce sera la réussite et la réussite de
tous.
Dans les épreuves, face aux défis, le rassemblement il est nécessaire, le rassemblement des
Français. Ce qui nous unit c’est notre attachement à la démocratie, à la République. Ce qui
nous unit au-delà de tout, c’est notre amour de la France et ce sera le combat que je mènerai
tout au long de mon quinquennat.
Vive la République et vive la France.
Il s'agissait d'une allocution enregistrée, un peu avant 18h, prononcée sur fond de bibliothèque.
(Article en construction)