La tentation avait, selon un ministre, déjà existé lors des discussions sur le projet de loi sur la transparence . Elle revient avec les difficiles débats budgétaires à venir. Mais pas seulement. Le gouvernement hésite à utiliser le passage en force, également sur la réforme ferroviaire ainsi que sur le texte sur la transition énergétique, pour dépasser sa fronde interne.
Alors que se prépare ce mardi 17 juin une réunion du groupe PS à l’Assemblée, consacrée aux amendements budgétaires et qui s’annonce houleuse, les tenants de la ligne du gouvernement veulent acculer les frondeurs. Il y aura "une écrasante majorité" pour soutenir Manuel Valls, assurait une semaine plus tôt Annick Lepetit.
"Ils nous ont demandé d’être là pour s’assurer une grosse majorité", rapporte un "élu" au Parisien de ce 17 juin alors que les députés ont reçus un SMS leur rappelant que la réunion de groupe se tiendrait exceptionnellement à 10h30, en présence du Premier ministre. "Qu'ils annoncent qu'ils déposeront directement les amendements devant l'hémicycle sans passer par le groupe n'apaise pas les débats", confie, toujours au Parisien, le député du 92 Sébastien Pietrasanta.
Face à ces vélléités, la menace du 49-3 ou du vote bloqué a donc été brandies. Un proche de François Hollande intimide ainsi dans Libération de ce 17 juin :
"Si ça continue comme ça, peut être qu’on sera obligés d’utiliser le 49-3, ce que personne ne souhaite.
"
Même son de cloche dans Le Parisien qui affirme que, pour le moment, l’exécutif espère ne pas en arriver à cette solution extrême. "Personne ne souhaite en arriver là", confirme Dominique Lefebvre. "Vis-à-vis des Français, cela serait compris comme un acte d’autorité", soutient le légitimiste député de Paris Christophe Caresche. Qui ajoute : "Et cela dévitaliserait la démarche des frondeurs."
Du côté de Matignon, on accable Jean-Marc Ayrault à qui l’on attribue cette fronde persistante d’une partie des députés socialistes. Ainsi, dans Libération, "un sénateur proche de Manuel Valls" déclare :
"Les frondeurs sont l’expression d’un malaise. C’est le résultat du précédent gouvernement qui n’a pas su dialoguer avec sa majorité depuis vingt-deux mois.
"
C’est sûr que brandir le 49-3 aiderait à rabibocher deux franges de la majorité pour l’instant très opposées.