Le nouveau ministre de l'Économie Emmanuel Macron a beaucoup fait parler de lui pour son parcours, au moment de sa nomination. Désormais, il fait beaucoup parler de lui pour avoir évoqué l'idée de supprimer les 35 heures dans une interview au Point donnée quelques jours avant sa nomination et publiée jeudi 28 août. Et François Fillon est tout à fait d'accord avec lui. En fait, c'est même lui qui en a eu l'idée.
Sur BFMTV, l'ancien Premier ministre a réagi à cette sortie spectaculaire et se réjouit à l'avance à l'idée de voir la gauche revenir "elle-même" sur cette "erreur" d'instaurer les 35 heures :
C’est exactement ce que je propose depuis des mois et des mois. [...] Ce serait une nouvelle extraordinaire, formidable.
Mais attention, il occupait le créneau bien avant celui qui a inspiré la politique économique de François Hollande. Il le rappelle dans un joli brin de personal branding :
En 2006, j’ai proposé dans un livre - qui reste en librairie - de soumettre à l’accord majoritaire dans les entreprises le temps de travail. Il y a eu un débat au nom de l’élection présidentielle avec Nicolas Sarkozy, qui était favorable à cette idée mais qui considérait que ce n'était socialement pas acceptable, que ce n'était pas politiquement supportable. Il a proposé une formule, qui a eu un grand succès d'ailleurs, celle de la défiscalisation des heures supplémentaires.
Et si aujourd'hui l'idée pourrait être mise en application, c'est encore grâce à François Fillon :
Ce que propose Emmanuel Macron, et ce que je propose aussi, c’est de renvoyer à la négociation dans l’entreprise la fixation du temps de travail. C’est quelque chose qui est possible parce qu’on a changé, et c’est moi qui l’ai fait, le mode de fonctionnement du dialogue social dans les entreprises. Avant, il n'y avait pas d’accord majoritaire ; avant, les organisations syndicales n'étaient pas représentatives parce que le mode d’élection ne l’était pas.
En conséquence de quoi l'élu de la Sarthe voterait "sans hésitation" un éventuel texte sur la suppression des 35 heures : "Si on nous proposait, sans condition, de soumettre au vote des salariés le temps de travail dans les entreprises, je voterais sans hésitation", a-t-il affirmé.
Le successeur d'Arnaud Montebourg à Bercy propose en effet de "déroger aux règles de temps de travail et de rémunérations", "dans le cadre d'accord majoritaires". "Mais c'est difficile à expliquer et à porter, spécialement quand on est de gauche", ajoute-t-il.