3 août 1914, 3 août 2014. Il y a cent ans, l'Allemagne déclarait la guerre à la France. Une guerre qui deviendra par la suite mondiale. François Hollande, président français, et Joachim Gauck, président allemand, se retrouvent ce dimanche sur le site du Hartmannswillerkopf (Haut-Rhin), pour un hommage commun et inédit aux combattants français et allemands de la Grande Guerre. Suivez cette cérémonie en image.
> Main dans la main
Les présidents allemand et français veulent-ils s'inscrire dans les pas de François Mitterrand et Helmut Khol ? Hollande et Gauck se tiennent en tout cas la main en écoutant les hymnes nationaux, comme leurs prédécesseurs :
Plus tard dans son discours, François Hollande fera référence à ce très célèbre geste, symbole de l'amitié franco-allemande :
D'un lieu de désolation, ils ont exprimé une promesse d'avenir, et c'est ce que nous ferons encore tout à l'heure.
> Gros câlin
Après la signature de cahier dans la crypte du Monument national, qui renfermerait les cendres de 12 000 soldats inconnus, François Hollande et Joachim Gauck se prennent dans les bras :
> La référence à l'actualité
Dans son discours, François Hollande a adressé un message aux Israéliens et Palestiniens qui se battent depuis plusieurs semaines. Le cas franco-allemand, selon lui, devrait leur servir de preuve que la paix est possible :
Tous nos efforts doivent être tendus pour imposer aujourd'hui, plus que jamais, le cessez-le-feu à Gaza, et la souffrance des populations civiles. A ceux qui désespèrent du processus de paix au Proche-Orient, quel plus beau message pouvons-nous délivrer que celui d'aujourd'hui ?
> Jules et Jim
Le site du Hartmannswillerkopf, est situé sur une colinne vosgienne surnommée "la montagne mangeuse d'hommes", l'un des lieux les plus sanglants de la Première Guerre mondiale. Dans son discours, François Hollande nous apprend également que François Truffaut a autrefois filmé ce lieu, dans un film des plus symboliques :
Forger ensemble une mémoire commune. Il y a eu au Vieil Armand, 1256 tombes, et à côté d'elles, les restes de 386 militaires qui n'ont pu être identifiés parmi beaucoup d'autres. C'est pourquoi nos deux nations sont dans le même deuil, incapables de savoir si ces soldats inconnus sont français ou allemands.
C'est ce qu'avait compris le cinéaste François Truffaut lorsqu'il avait choisi ce site solennel et symbolique pour y tourner quelques-unes des scènes les plus fortes de Jules et Jim. Grande oeuvre dédiée à l'amitié entre la France et l'Allemagne.
> "Pas une nostalgie"
Certains l'accusent de ne s'occuper plus que de cérémonies du souvenir ? François Hollande balaie ces critiques et insiste sur l'importance de ces événements :
Les commémorations ne sont pas une nostalgie, elles sont un rappel des épreuves traversées par les peuples. Elles sont les leçons de l'histoire. Elles sont des appels à l'union, au rassemblement, à la mobilisation face à d'autres enjeux, d'autres menaces, d'autres défis. Les commémorations viennent donner du sens au monde d'aujourd'hui.
> "Mes deux grands-pères"...
Il est *très* rare d'entendre François Hollande se référer à son histoire personnelle pour appuyer ses propos. C'est pourtant ce qu'il fait, ce 3 août 2014 :
Mes deux grands-pères ont fait la guerre, cette guerre-là, et la suivante aussi. Mes deux grands-pères peinaient à pouvoir raconter ce qu'ils avaient enduré. Ce qu'ils avaient vécu. Ils taisaient, par pudeur sans doute, mais également par calcul, les horreurs de la guerre, comme pour mieux nous installer, m'installer moi-même, dans l'idée de la paix.
Et bien c'est tout l'inverse qu'il faut faire aujourd'hui, nous les descendants. Il nous appartient de rappeler le calvaire. Le calvaire qu'ils ont connu pour mieux comprendre la barbarie et empêcher tout retour.
> La première pierre
Les présidents français et allemand ont posé ensemble la première pierre du futur historial franco-allemand du Hartmannswillerkopf. L'occasion pour ces deux-là d'échanger quelques plaisanteries, et c'est François Hollande qui ouvre les hostilités en voyant la pelle et le ciment :
Ah, il faut travailler, oulla !
"Mon père aurait été fier de moi", déclare ensuite Joachim Gauck à François Hollande, qui lui répond "mon père était ailleurs".