T'ENTENDS ÇA NICO ? - Comme tout bon sénateur, il dit les choses très tranquillement. Mais il sait bien que ses propos sont explosifs. Jean-Pierre Raffarin s'est lancé, ce 17 juin dans la matinale de France Inter, dans un réquisitoire anti-culte du héros.
Interrogé sur Nicolas Sarkozy, l'ancien Premier ministre récuse l'idée même qu'il faille, en France, attendre un quelconque sauveur, et dégaine alors une "raffarinade" comme on en avait pas connu depuis longtemps: "S'il faut avoir des guerres pour avoir des héros, je préfère ne pas avoir de héros plutôt que d'avoir des guerres".
Voir le passage vidéo, à partir de 6'30 :
Jean-Pierre Raffarin, qui a récemment pris la co-présidence par interim de l'UMP, commence donc par dire pourquoi il s'agace du débat permanent sur un éventuel retour de Nicolas Sarkozy :
"Je n'aime pas beaucoup le culte du héros permanent, qu'il faudrait toujours attendre le superman qui va nous sauver. Je pense qu'il faut plus de pédagogie dans la société, que c'est la société qui peut bouger.
Je pense plus à la pédagogie nationale plutôt qu'à la recherche permanente du héros. S'il faut avoir des guerres pour avoir des héros, je préfère ne pas avoir de héros plutôt que d'avoir des guerres.
"
Vous n'avez toujours pas compris ? Jean-Pierre Raffarin en remet une couche :
"Ce mythe du sauveur est dangereux dans une société qui doit être républicaine et apaisée, qui doit savoir ce qu'est la compétitivité, ce qu'est le monde, et ne pas vivre sur des mythes et des appels au héros.
"
Son intervieweur lui fait remarquer que ses propos peuvent être interprétés comme un réquisitoire anti-Sarkozy. Jean-Pierre Raffarin met alors un peu d'eau dans son vin, et précise qu'il souhaite seulement que l'ancien président précise ses intentions rapidement :
"Nicolas Sarkozy est quelqu'un qui peut jouer un rôle dans le pays, mais il va falloir qu'à un moment il décide de savoir, ou il joue une carte politique, une responsabilité, et il entre dans le jeu politique, ou il reste à l'écart comme un intellectuel, comme un observateur qui commente, mais il est clair qu'à un moment ou à un autre, il faut clarifier les positions. Je crois qu'à un moment il va falloir qu'il décide.
"
Selon Jean-Pierre Raffarin, Nicolas Sarkozy donne le sentiment d'être "un jour dedans, un autre jour dehors". Une clarification bienvenue, donc, qui pourrait intervenir à la fin de l'été si l'on en croit les dernières confidences de ses proches .
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