VOUS AVEZ UN MESSAGE - Benoit Hamon, tout nouveau ministre de l’Education nationale, a beau avoir assoupli la réforme des rythmes scolaires, la polémique continue. Car la bataille menée par l’UMP contre le gouvernement sur la réforme des rythmes scolaires a pris une tournure idéologique. Une bataille poursuivie après les municipales qui ont vu de nombreuses municipalités basculer à droite.
Deux maires de deux villes passées à l’UMP, Asnières-sur-Seine et Argenteuil, ont ainsi écrit, selon des documents que le Lab a pu consulter, aux parents d’élèves pour expliquer pourquoi ils n’appliqueront pas cette réforme. Et les arguments sont les mêmes dans une sorte de copier-coller. Des arguments que l’on retrouve également dans les argumentaires fournis par l’UMP sur son site internet . "Ce copier-coller démontre bien le côté idéologique", attaque un élu socialiste bon connaisseur du dossier.
Le Lab a recensé les similitudes entre ces deux courriers :
>> Pas d’étude scientifique
Ainsi le maire UMP d’Asnières, Manuel Aeschlimann, a écrit le 22 mai aux "parents d’élèves" de sa ville, suite à la délibération du conseil municipal de suspendre la réforme et de maintenir les horaires actuels. "Aucune étude scientifique sérieuse n’établit que cette réforme améliorerait la réussite éducative des enfants", écrit l’édile asniérois.
"Aucune étude sérieuse n’a prouvé que cette réforme améliorerait la réussite scolaire des enfants", écrit, en écho, le maire d’Argenteuil Georges Mothron qui écrit, lui, avant que son conseil municipal ne délibère sur la question.
>> Désorganisation
Le maire UMP d’Argenteuil poursuit, dans son courrier du 9 mai, en soulignant que "son application soulève de nombreuses difficultés d’organisation pour les familles, les enseignants, les personnels territoriaux mais aussi pour les associations".
Un argument qui, à Asnières, donne :
"Cette réforme désorganise la vie quotidienne des familles, des enseignants, des personnels territoriaux et des associations.
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>> Locaux inadaptés
Les deux maires reprennent également le problème des moyens. Logistiques et humains. "L’organisation des activités périscolaires nécessiterait l’embauche de 60 intervenants", écrit le maire d’Asnières qui ajoute que cette réforme poserait des "problèmes de l’encadrement des enfants" avec des locaux "souvent inadaptés ou insuffisants". A Argenteuil, l’édile insiste sur "les difficultés d’application de la réforme", à savoir un "manque de personnel d’encadrement" et des "locaux insuffisants ou inadaptés".
>> Le financement
Point de démonstration également similaire aux deux lettres : le problème du financement de la réforme. Le maire d’Asnières fait craindre à ses administrés, en gras dans le texte, une "hausse de 5% à 8% de la taxe d’habitation" si la réforme Peillon était mise en application. "Cette réforme n’est pas financée de manière pérenne", écrit quant à lui le maire d’Argenteuil.
>> L’argument politique anti-gouvernement
Les maires UMP se montrent déterminés à aller au bras-de-fer avec le gouvernement. "Je considère que ce n’est pas aux Argenteuillais de payer pour une réforme que le gouvernement veut imposer aux communes", écrit Georges Mothron dans sa lettre aux parents d’élèves tandis que Manuel Aeschlimann, dans un courrier adressé à Benoit Hamon, expose "pourquoi (il) ne souhaite pas appliquer la réformes des rythmes scolaires", ajoutant :
"Voulez-vous, dans ces conditions, nous imposer cette réforme ?
"