Le FN cherche à faire de Manuel Valls un censeur de Twitter

Publié à 11h06, le 06 avril 2014 , Modifié à 11h09, le 06 avril 2014

Le FN cherche à faire de Manuel Valls un censeur de Twitter
Dimanche 6 avril, sur le plateau du Grand Rendez-vous d'Europe 1 (captures d'écran)

C'est une musique entonnée par Marine Le Pen et Florian Philippot sitôt connue la nomination de Manuel Valls à Matignon : Manuel Valls, asurent-ils en choeur, est un ennemi de la liberté d'expression, et son attitude vis-à-vis de Twitter en témoigne.

Marine Le Pen l'explique encore ce dimanche 6 avril, invitée du Grand Rendez-vous d'Europe 1 :

Manuel Valls, c'est un homme qui n'entend pas respecter les grandes valeurs républicaines de la France, il a très peu de respect pour la liberté d'expression, il a d'ailleurs annoncé d'ores et déjà qu'il allait, qu'il visait à réduire la liberté d'expression, notamment sur Twitter.

Il a dit qu'il envisageait d'interdire, quand il était ministre de l'Intérieur, notamment un certain nombre de hashtags. 

Ca, c'est une atteinte directe (...) a priori (...). 

Toute interdiction a priori est une censure. Eh bien moi, les censeurs m'inquiètent. 

Je suis pour la liberté sur internet, je suis même pour la constitutionnalisation (...) de la liberté sur internet. A charge pour ceux qui dépassent la loi d'avoir une responsabilité personnelle a posteriori. 

La loi en l'occurrence, n'est pas appliquée, en tout cas, monsieur Valls veut la violer. 

Cette musique, le Front national l'entonne régulièrement depuis le mois de février 2014. Son "délégué national à la communication numérique", David Rachline (par ailleurs nouveau maire de Fréjus depuis dimanche 30 mars) accusait ainsi, le 7 février, dans un communiqué, Manuel Valls et François Hollande d'être les "champions de la censure sur internet" :

La France, sous l’impulsion des censeurs Hollande et Valls, est la championne du monde de la censure sur Twitter.

En effet, 87% des demandes de suppression de contenu sur Twitter, dans le monde, émanaient de notre pays en 2013 !

Qu'en est-il dans la réalité ?

Quand il communique sur ce chiffre de 87%, le FN cite bien sa source : un article du Monde.fr, publié le 6 février 2014, qui établit que "la France (est) le numéro un mondial des demandes de suppression de tweets".

Ce que le FN oublie toutefois de raconter, c'est que ce chiffre s'explique en grande partie par une particularité française : en réaction aux vagues successives de hashtags racistes ou homophobes, Twitter a, en effet, mis sur pieds un processus particulier en France de rapprochement avec des partenaires, comme SOS Homophobie, qui peuvent signaler de manière prioritaire des messages illicites au réseau social.

Et le nombre de demande de retraits si élevé observé en France s'explique en grande partie ainsi, ainsi que le raconte très bien l'article du Monde :

Le chiffre de 306 (demandes de suppression) comprend les requêtes provenant des autorités administratives ainsi que de certains partenaires de Twitter (comme SOS-Homophobie en France) (...). 

Autrement dit : si la France est "championne du monde" du nombre de retraits, c'est parce qu'un dispositif dérogatoire existe en France, ce qui fausse évidemment toute comparaison à l'échelle internationale.

A la fin du mois de janvier, à l'occasion du Forum international de la cybersécurité, à Lille, Manuel Valls se félicitait du dispositif singulier créé en France, ainsi que le rapportait le blog "Pas très net" du Monde.fr :

Grâce à la concertation conduite avec (Twitter), des engagements de sa part ont pu être obtenus, concernant la suppression des contenus illicites. Twitter a mis en place des techniques permettant de restreindre l'affichage de contenus prohibés dans les seuls pays où ils sont illicites - je pense aux contenus xénophobes et discriminatoires, illicites en France, mais pas aux Etats-Unis.

Et se félicitait par ailleurs du "déréférencement des hashtags à succès, mais illicites, quand ils apparaissent dans les "Tendances" de sa page d'accueil".

Du rab sur le Lab

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