SOYONS PRÉCIS - Il se félicite d'avoir "gagné la bataille industrielle" et vient l'annoncer fièrement sur France 2. Arnaud Montebourg a bouclé ce dimanche 22 juin l'accord entre l'Etat et Bouygues afin de racheter 20% des parts de l'entreprise Alstom. Une prise de participation qui prendra au maximum 20 mois, et sur laquelle le ministre donne une version très approximative, concernant notamment le prix de rachat de l'action Alstom.
Invité sur France 2 à préciser le prix auquel l'Etat rachètera les actions d'Alstom à Bouygues, le ministre du Redressement productif a cette phrase :
"Il n'y a pas de prix qui est fixé dans l'accord, car comme vous le savez il s'agit d'une société cotée dont le prix fluctue en fonction de l'évolution du marché. Bouygues s'est engagé à nous vendre. Nous exercerons ce droit lorsque nous y aurons intérêt.
"
Voir la vidéo à 1'10 :
Or, quelques minutes plus tard, un communiqué de Bouygues arrive dans les boîtes mails des rédactions. Précision utile de l'entreprise sur le prix de l'action vendue par Bouygues à l'Etat :
"L'Etat dispose d'une option d'achat d'un maximum de 20% du capital d'Alstom détenu par Bouygues au prix du marché assorti d'une décote usuelle, sous réserve que ce prix soit supérieur ou égal à l'équivalent d'un prix théorique de 35 euros ajusté.
"
Alors qu'Arnaud Montebourg annonçait un peu plus tôt qu'il n'y avait "pas de prix fixé dans l'accord", il y a bel et bien un tarif sur lequel l'Etat a du se ranger: 35 euros minimum, soit sept de plus que le prix actuel des actions (28 euros).
Des précisions aussitôt apportées par le cabinet du ministre dans un communiqué, relayé par Reuters, mais qu'Arnaud Montebourg a ommis de donner sur le plateau de France 2. Trop dommage.
[Edit 23 juin] Interrogé une nouvelle fois sur le sujet, ce lundi sur BFM TV, Arnaud Montebourg a assuré que "le prix n’a pas été fixé". "Pour une raison simple, il y a un désaccord entre Bouygues et l’Etat", ajoute-t-il avant de tenter d’expliquer la nuance de prix entre ce qu’il annonce et le communiqué de Bouygues. Avec en filigrane la menace de ne pas acheter les actions à Bouygues, mais sur le marché s’il est plus intéressant.
"On propose le prix du marché. Comme le prix du marché évolue et est fixé en fonction de la cotation, nous ne pouvons pas le définir par avance. (…) Pendant 20 mois, Monsieur Bouygues a une obligation de nous vendre. Il est obligé de nous vendre si on le lui demande. Pendant 20 mois, lui il a dit « je m’oblige à vous vendre à 35 euros ». Mais nous n’avons pas d’obligation de le lui acheter donc il nous est parfaitement possible d’acheter sur le marché si le marché est moins cher. Et au bout de 20 mois, Monsieur Bouygues ne plus exiger le maintien de son prix.
"
"Ce n’est pas compliqué, c’est un bon accord", conclut-il en forme de pirouette.