Le transfert de Sébastien Chenu de l'UMP au Rassemblement bleu marine , mi-décembre, avait fait grincer quelques dents parmi les frontistes historiques, pas vraiment ravis de voir débarquer chez eux l'ancien fondateur de GayLib, un mouvement de défense des droits des homosexuels. Bruno Gollnisch s'en était ému sur son blog, expliquant que lui, comme Marion Maréchal – Le Pen et Aymeric Chauprade avaient fait part de leur ressentiment lors du Bureau politique du parti, le 12 décembre.
Après ce bureau, lors d'une conférence de presse, Marine Le Pen avait elle-même assuré que les inquiétudes sur le ralliement de Sébastien Chenu au RBM avaient été levées. Et pour cause. Selon L'Obs, dimanche 28 décembre, la présidente du Front national a tapé du poing sur la table lors du Bureau politique. Voici ce qu'elle a lancé selon des propos rapportés par l'hebdomadaire :
"Maintenant, ça suffit ! Bruno [Gollnisch], tu vois, là, il y a deux portes, celle des toilettes et celle de la sortie. Si tu n'es pas content, tu peux t'en aller !
"
L'eurodéputé est bien resté. Sur son blog, trois jours plus tard, il avait néanmoins ré-attaqué. "M. Chenu incarne a priori tout ce que nous avons combattu. Il se déclarait européiste, militait contre le rapprochement de la droite avec le FN… Il incarne tout ce que nous avons combattu depuis des années", avait-il écrit.
Contacté par Le Lab ce lundi 29 décembre, Bruno Gollnisch assure n'avoir "aucun souvenir" de s'être fait indiquer la porte des toilettes par Marine Le Pen. Il ajoute :
"La discussion a été vive mais on ne s'est pas insultés. Si elle a utilisé cette expression, ça ne m'a pas frappé. De toute façon, je n'ai jamais émis le souhait de démissionner du Bureau politique et il n'appartient pas à Marine Le Pen de m'en renvoyer.
"
Et l'eurodéputé de rappeler que le BP du FN a duré "environ 6 heures" et que le cas de Sébastien Chenu a été évoqué pendant "plus de deux heures"
L'opinion de Bruno Gollnisch et l'énervement de Marine Le Pen illustrent certaines "divergences" au sein du FN. Marine Le Pen l'avait déjà admis, le 12 décembre, estimant qu'il était plus facile, lorsque le FN était plus petit, "d'être à 1.000% d'accord". Bruno Gollnisch dément toute faction au sein du parti. "On a parfois des points de vue différents mais ce n'est pas systématique", dit-il.
Concernant le cas précis de Sébastien Chenu, ce dernier avait confié au Lab ne pas s'inquiéter des doutes de Bruno Gollnisch. "On a convenu de se rencontrer. On apprendra à se connaître et à vivre ensemble. Ce genre d'affrontements ne me change pas fondamentalement de ce que j'ai vécu à l'UMP. Ça me rappelle les échanges que j'ai eus à l'UMP avec Jean-François Copé ou Xavier Bertrand sur le mariage pour tous", avait-il déclaré.