SAKOLEAKS, EPISODE 4 - Les conversations secrètes entre Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog ne le sont plus du tout. Mediapart en révèle le contenu ce 18 mars, et, dates à l'appui, décrit comment les deux personnages suivent de près les enquêtes concernant le chef de l'Etat. Visiblement dotés d'une "taupe" à l'intérieur de l'appareil judiciaire, Nicolas Sarkozy et son avocat conversent également sur une mise en scène censée déjouer la vigilance des juges.
> La mise en scène censée déjouer les écoutes
Pour ne pas se faire pincer par les juges, Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog auraient usé d'un stratagème: les fausses conversations sur leur ligne officielle.
Ce même 1er février, Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog disposent d'informations sur les débats en cours à la Cour de Cassation. Nicolas Sarkozy rappelle son avocat et lui propose de simuler un faux échange pour que "les jugent qui écoutent" aient "l'impression" d'une vraie conversation entre les deux hommes. Summum du jeu de rôles auxquels se livrent l'ancien chef de l'Etat et les juges, Nicolas Sarkozy refuse d'aborder les débats à la Cour de Cassation pour la raison suivante :
Ce n'est pas la peine de les informer.
> L'intervention de Gilbert Azibert sur les conseillers de la Cour de Cassation
Le 29 janvier, Thierry Herzog assure à Nicolas Sarkozy que Gilbert Azibert, premier avocat général près la Cour de Cassation, a déjeuné avec l'avocat général. Voilà ce que raconte Mediapart, alors que Nicolas Sarkozy tente d'obtenir l'annulation de la saisie de ses agendas :
Maître Herzog se félicite du dévouement de son informateur : il a "bossé", dit-il à Nicolas Sarkozy. Et la Cour de cassation devrait suivre les réquisitions, "sauf si le droit finit par l’emporter", commente-t-il, dans un aveu stupéfiant.
Cela va "faire du boulot à ces bâtards de Bordeaux", ajoute Thierry Herzog, en référence aux juges ayant mis en examen Nicolas Sarkozy.
La police, qui a écouté ces conversations, qualifie ces faits de possible "corruption d'un magistrat de la Cour de cassation". Les deux hommes évoquent en tout cas régulièrement "Gilbert" qui a visiblement émis le souhait d'être nommé à un poste à Monaco, et que Nicolas Sarkozy se dit "prêt à aider" selon Mediapart.
> Le curieux "correspondant" à l'intérieur de l'appareil d'Etat
Visiblement, Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog ne sont pas seuls pour défendre les intérêts de l'ancien chef de l'Etat. Selon les écoutes révélées par Mediapart, un homme désigné comme le "correspondant" de l'avocat informe son interlocuteur des avancées des enquêtes.
Dans le dossier de la plainte de Nicolas Sarkozy contre Mediapart dans le dossier libyen, Nicolas Sarkozy est informé par une "source non désignée" d'une future perquisition de ses bureaux par les juges. Cette source ? "Manifestement un haut fonctionnaire bien placé dans la chaîne judiciaire" selon Mediapart. Nicolas Sarkozy demande alors à son avocat, ce 1er février, de "prendre contact avec nos amis pour qu'ils soient attentifs", ajoutant "on ne sait jamais".
Thierry Herzog répond ainsi à l'ancien chef de l'Etat :
Je vais quand même appeler mon correspondant ce matin (...) parce qu'ils sont obligés de passer par lui.
Un mystérieux "correspondant" dont le nom n'est pas évoqué.