C'est l'autre histoire d'écoutes qui touche Nicolas Sarkozy. Après la découverte des enregistrements sur dictaphone de Patrick Buisson, Le Monde révèle ce 7 mars que l'ancien président de la République a été mis sur écoutes par la Justice dans le cadre de l'ouverture d'une information judiciaire en avril 2013 pour "corruption" sur un éventuel soutien financier de la Libye à la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy de 2007.
Les juges Serges Tournaire et René Grouman ont ainsi décidé de placer l'ex-chef d'Etat sur écoutes mais aussi deux de ses anciens ministres de l'Intérieur, Claude Guéant et Brice Hortefeux.
Le Monde raconte qu'après une première fuite de ces écoutes dans leurs pages en décembre 2013 - la fuite concerne alors Brice Hortefeux - Nicolas Sarkozy devient "laconique" sur son téléphone officiel. Les juges découvrent alors qu'il possède un second portable enregistré sous un faux nom, avec lequel il se montre beaucoup plus bavard, notamment avec son avocat. Le Monde écrit :
A son tour, cet appareil est placé sous surveillance. Les écoutes révèlent des échanges avec un autre téléphone mobile acquis avec une identité d'emprunt : il s'agit du portable acheté par Me Herzog pour échanger en toute confidentialité avec son client.
Que révèle la mise sur écoute de Nicolas Sarkozy ? L'article du Monde n'évoque pas la Libye, motif initial des écoutes, mais l'affaire Bettencourt. Selon les journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme, les enregistrements prouvent que le camp Sarkozy était renseigné sur la procédure en cours dans le cadre de ce dossier. Renseigné par un avocat général près la Cour de cassation, Gilbert Azibert :
M. Azibert, qui a accès au service intranet de la haute juridiction, renseigne le camp sarkozyste sur l'évolution des tendances au sein de la Cour de cassation, les écoutes en font foi.
Le Monde explique encore que Nicolas Sarkozy est soupçonné d'avoir interféré en faveur de ce haut magistrat en échange de ces renseignements, pour qu'il obtienne le poste qu'il convoite, celui de conseiller d’État à Monaco.
Résultat de ces écoutes, une information judiciaire a été ouverte le 26 février pour "violation du secret de l'instruction" - a-t-il su qu'il était écouté et ainsi changé de téléphone ? - et "trafic d'influence" - a-t-il favorisé la carrière du magistrat en échange de ces informations ? Une information du Monde confirmée à l'AFP par une source proche du dossier.