Olivier Faure craint que le plan antipollution d'Anne Hidalgo ne favorise indirectement le vote FN

Publié à 18h12, le 03 mars 2015 , Modifié à 18h20, le 05 mars 2015

Olivier Faure craint que le plan antipollution d'Anne Hidalgo ne favorise indirectement le vote FN
Anne Hidalgo et Olivier Faure © Montage AFP / Le Lab

Ils sont tous deux socialistes, mais un gouffre (presque) infranchissable les sépare depuis des semaines : le périph’. Député de Seine-et-Marne, Olivier Faure ne se prive pas de dire tout le mal qu’il pense du plan antipollution que la parisienne Anne Hidalgo a fait adopter début février.

Un plan qui prévoit – grosso modo - l’interdiction progressive dans la capitale de tous les véhicules diesel d’ici 2020. À cette date, seront concernées toutes les voitures roulant au gazole immatriculées avant 2011. En dépit d’un ensemble de mesures censées accompagner la transition (incitations financières à l’achat de véhicules plus propres, abonnements aux transports en commun facilités…), l’hostilité de certains élus des départements de grande couronne ne faiblit pas.

Olivier Faure est de ceux-là. Début février, le parlementaire a envoyé un courrier à la maire de Paris pour dénoncer son projet. Il y mettait alors l’accent sur les difficultés matérielles des habitants du "grand périurbain", dont les revenus souvent plus faibles ne leur permettent pas forcément de changer de véhicule.

Rebelote ce mardi 3 mars, sur le plateau de l’émission #DirectPolitique (Linternaute.com-20 Minutes-Ouest-France). Olivier Faure annonce qu’il a envoyé une nouvelle missive à Anne Hidalgo, co-signée par six élus. Et de s’indigner :

Quand on a des mesures d'interdiction qui vont frapper toute la petite et la grande couronne, pour des gens qui n'ont aucun transport alternatif, je me dis qu'on est chez les fous !

Mais l’ex-conseiller de Jean-Marc Ayrault ne se cantonne pas cette fois aux problématiques sociales. Interrogé sur de possibles conséquences sur le vote FN de la politique de transports parisienne, l’interviewé acquiesce. "On est dans un système réellement punitif et qui va créer de la ségrégation spatiale", accuse-t-il avant d’ajouter, un peu plus loin :

Toutes les communes qui sont liées à une ligne de RER ont un vote FN faible. Plus vous vous éloignez de ces réseaux de mobilité, plus vous vous sentez exclu (…). Il faut donc créer les conditions de la mobilité spatiale.

En somme, Olivier Faure reproche à Anne Hidalgo de créer indirectement les conditions d’un progrès du Front national. Avec d’autant plus d’insouciance de la part de l'édile parisienne, critique-t-il en creux, que Paris "intra-muros" est relativement imperméable au vote frontiste. Dans un contexte porteur pour le parti de Marine Le Pen, l'argument peut porter.

Pour conjurer ce risque, le député de Seine-et-Marne recommande donc de remplacer l’obligation de changer de voiture par la mise en place obligatoire de filtres antipollution, moins chers. Une proposition qui ne risque pas de convaincre Anne Hidalgo. Interviewée par Le Monde le 27 janvier, la première magistrate de la capitale avait déclaré :

Il est vrai qu’entre les véhicules de la fin des années 1990 et les nouveaux diesels d’aujourd’hui, il existe des améliorations technologiques. Mais les particules très fines – et les plus dangereuses pour la santé – ne sont pas captées par les filtres les plus puissants.

[Edit jeudi 5 mars, 18h00]

La réponse du camp Hidalgo à la prise de position d'Olivier Faure n'a pas tardé. Mercredi après-midi, Rémi Féraud, le président du groupe socialiste au Conseil de Paris, dénonce dans un communiqué "des termes qui ne sont pas raisonnables" de la part de l'élu de Seine-et-Marne.

Fustigeant des "arguments 'populistes' sous prétexte de lutte contre l’extrémisme", celui qui est aussi maire du Xe arrondissement rappelle le poids financier important de la capitale dans le développement des transports en commun de la région. "Nous devons lutter tous ensemble face à des nuisances toxiques qui ne s'arrêtent bien sûr pas aux frontières du périphérique", proclame-t-il encore.

Interrogé par Le Lab sur la limitation des aides contenues dans le plan antipollution aux départements limitrophes de Paris, Rémi Féraud suggère aux collectivités de la grande couronne de rejoindre le mouvement en engageant les mêmes initiatives :

 

Ça ne doit pas empêcher les communautés de commune, en lien avec la région Île-de-France, de proposer aussi des incitations à la reconversion des véhicules.

Du rab sur le Lab

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