Oups, François Hollande qualifie l'une des victimes de Mohammed Merah, catholique, de musulman

Publié à 10h27, le 09 mars 2014 , Modifié à 07h47, le 10 mars 2014

Oups, François Hollande qualifie l'une des victimes de Mohammed Merah, catholique, de musulman
François Hollande lors du dîner du Crif, le 4 mars 2014. (Reuters/Michel Euler)

"Quatre juifs, trois musulmans, sept Français". Pour son discours mardi lors du dîner du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), François Hollande avait trouvé une bonne formule. Il rendait hommage aux sept victimes, "sept Français" de Mohammed Merah, à Toulouse et Montauban, en mars 2012.

Sauf que. Samedi soir, Albert Chennouf-Meyer, père de l'une des victimes de Mohammed Merah, le soldat Abel Chennouf, a dénoncé "le mépris" manifesté par François Hollande. La raison ? Son fils était catholique.

"Lors de votre intervention au dîner du Crif (...), vous affirmiez dans votre discours (...) que Merah avait assassiné quatre juifs et trois musulmans", entame-t-il dans une lettre ouverte, avant de poursuivre :

"Mon épouse Katia, Tony et Sabrina mes enfants et moi-même, nous nous élevons et condamnons fermement votre inculture, votre agression verbale et votre mépris vis-à-vis de notre enfant Abel Samy Arnaud, qui est catholique de son état et non musulman."

 

Dans ce passage de son discours lors du dîner du Crif, isolé par Le Lab, François Hollande présente Abel Chennouf comme musulman, au même titre que deux autres militaires victimes de Mohammed Merah, Imad Ibn Ziaten et Mohamed Legouad. "Le fanatisme n'est pas une religion", entame François Hollande. "C'est un dévoiement". Il poursuit :

C’est le fanatisme et non l’islam qui a guidé le bras assassin de Merah à Toulouse et à Montauban, lorsqu’il a abattu Jonathan, Gabriel, Arié, Myriam, Imad Ibn Ziaten, Mohamed Legouad et Abel Chennouf : quatre juifs, trois musulmans, sept Français. Autant d’atteintes aux institutions les plus symboliques de la République : l’école et l’armée.

"J'ajoute qu'être musulman n'est pas une tare", précise de son côté le père du soldat victime de Mohamed Merah, tout en dénonçant "le mépris" manifesté selon lui par le chef de l'Etat "envers les familles de victimes, notamment Abel et Mohamed Legouad". Avant de conclure :

Je vous saurai gré de ne plus citer le prénom de mon fils, laissez-le dormir en paix.

En janvier 2013, le quotidien Libération avait publié le portrait d'Albert Chennouf, sous le titre "Son fils, sa bataille". Le journal présentait Albert Chenouf comme "fervent adorateur de la Vierge et de la République", descendant "d’un mineur berbère, laïc et athée et d’une catholique pure souche alsacienne".

Sur le site de l'Elysée, si le verbatim du discours de François Hollande en ligne fait toujours état de "trois musulmans", celui qu'on peut extraire en PDF ou imprimer est une "version 2" : il fait désormais état de "quatre juifs, deux musulmans, un catholique, sept Français". Ces textes, comme précisés en bas de page, sont cependant "générés automatiquement depuis le site elysée.fr" : "Il ne s'agit pas d'un document officiel de la Présidence de la République".

 

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La religion d'Abel Chennouf avait déjà posé problème au prédécesseur de François Hollande à l'Elysée. Sur France Info, le 26 mars 2012, Nicolas Sarkozy avait un peu ramé en employant l'expression, qui avait fait polémique, de "musulman d'apparence" :

Les amalgames n'ont aucun sens. Je rappelle que deux de nos soldats étaient – comment dire ? – musulmans, en tout cas d'apparence, puisque l'un était catholique. D'apparence... Comme on dit : de la diversité visible. Et ça serait particulièrement odieux cet amalgame parce que deux Français musulmans ont été assassinés, parce que soldat, par Merah.

 

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