Placé répond à Valls sur Notre-Dame-des-Landes : "On peut être Premier ministre et ne pas voir ses vœux se réaliser"

Publié à 09h36, le 05 novembre 2014 , Modifié à 09h56, le 05 novembre 2014

Placé répond à Valls sur Notre-Dame-des-Landes : "On peut être Premier ministre et ne pas voir ses vœux se réaliser"
Jean-Vincent Placé ne croit pas à l'aboutissement du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, contrairement à Manuel Valls © Images France Info et I>Télé - Montage Le Lab

C'EST NON - Il n'y croit pas. Pour Jean-Vincent Placé, l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ne se fera pas, point final. Le patron des sénateurs écologistes était au micro de France Info puis sur le plateau d'I>télé, mercredi 5 novembre, pour répondre à Manuel Valls. Dans un courrier que France Info s'est procuré, le Premier ministre assure en effet à l'association Des Ailes pour l'Ouest que "la détermination de l'État à voir ce projet réalisé est intacte".

"Les travaux ne s'engageront qu'une fois les recours contre le projet jugés", précise le chef du gouvernement. Ce qui sous-entend qu'à terme, ils auront bel et bien lieu. Mais Jean-Vincent Placé, lui, soutient l'inverse et rétorque à Manuel Valls sur le mode du "on va voir ce qu'on va voir". 

"C'est la position constante du Premier ministre et très franchement, c'est un entêtement vain et inutile", commence-t-il par répondre sur France Info ce mercredi, ajoutant :

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Ce sera très intéressant de voir cela. [...] Notre-Dame-des-Landes, c'est non, ça n'a strictement aucun sens.

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Selon lui, ce projet est "absurde" puisque qu'il y a "déjà 144 aéroports dans ce pays", notamment "à Nantes, à Angers, à Rennes, à La Rochelle". Puis monte d'un cran, accusant les "productivistes" d'être "dans une économie du passé" et fustigeant le "fric gâché" :

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C'est le même débat que l'on a avec certains responsables productivistes, qui sont souvent des socialistes d'ailleurs, des collectivités locales. Ils sont un peu dans une économie du passé, ringarde, qui ne produit rien.



La preuve, ça fait 30 ans qu'on échoue : on fait des autoroutes, on veut refaire des aéroports, ça fait plaisir aux copains de la Chambre de commerce et au réseau notabiliaire local, c'est très balsacien en réalité. Et c'est zéro. Tout simplement. C'est vraiment du fric de gâché et c'est triste pour notre pays, pas seulement pour les écologistes.

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Direction I>Télé pour le sénateur de l'Essonne, qui se fait plus ferme encore. Rappelant les mots de "détermination intacte" employés par le Premier ministre dans son courrier, son intervieweur affirme que "l'aéroport sera construit". Jean-Vincent Placé ne se laisse pas démonter :

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Eh bien moi je pense que non, vous voyez. Comme quoi on peut être Premier ministre, écrire des courriers et ne pas voir ses vœux se réaliser, et être parlementaire écologiste modeste comme moi et penser qu'on a plutôt raison.

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Établissant une "transversale" avec un autre projet très contesté, le barrage de Sivens, l'élu EELV conclut : "Tout ça n'est pas très sérieux. Il faut que dans ce pays on essaye d'atterrir et qu'on arrête les postures".

Manuel Valls a visiblement changé d'avis sur Notre-Dame-des-landes. L'ancien eurodéputé écologiste Daniel Cohn-Bendit relatait, le 27 août lors de sa chronique sur Europe 1, une phrase du Premier ministre à Jean-Vincent Placé, censée convaincre les Verts de rejoindre le gouvernement lors du dernier remaniement :

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Eh bien écoute cet aéroport on ne le fera pas, il est trop cher, il est d'un autre temps, mais on ne peut pas le dire publiquement aujourd'hui parce que je ne peux pas froisser mon prédécesseur Jean-Marc Ayrault.

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Des propos que Jean-Vincent Placé, joint par Le Nouvel Observateur à l'époque, n'avait pas souhaité commenter. Et que Manuel Valls contredit donc publiquement.

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