LE GRAND FOSSE - Depuis la sortie du gouvernement de Benoît Hamon, c’est la guerre avec Manuel Valls. En mode "gauche passéiste" contre "gauche moderne". Une opposition cristallisée par le congrès à venir du Parti socialiste et par la loi Macron, que l’ancien ministre de l’Education s’apprêtait, avant l’usage du 49.3, à ne pas voter. Comme 48 autres députés socialistes ou apparentés, selon les informations du Lab .
"Emmanuel Macron a été le jouet d’une crispation politique voulue par le Premier ministre", assure Benoît Hamon au Figaro de ce mardi 3 mars. Dans son viseur apparaît donc clairement la silhouette de Manuel Valls, tenant de l’aile droite de Solférino. Il ajoute, en écho à la même petite mélodie que certains frondeurs qui ont profité de ce coup de force du gouvernement sur la loi Macron pour plaider en faveur d’un nouveau changement de Premier ministre :
"Quand, un mois après le 11 janvier, cinquante députés sont prêts à voter contre la loi Macron, cela montre le degré de résolution des députés et leur malaise à l’égard du Premier ministre.
"
Ses détracteurs l’accusent de préparer le Congrès du PS en juin à Poitiers, il réplique qu’ils "sont plus obsédés par le congrès que je ne le suis moi-même". Et quand un ministre persifle, en off, le qualifiant "d’ovni" venant de l’aile gauche et passé par le gouvernement Ayrault avant de pactiser avec Arnaud Montebourg pour installer Manuel Valls à Matignon, il contre-attaque. Et vise Jean-Marie Le Guen, le secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement, et Jean-Christophe Cambadélis, le patron du PS dont il se verrait bien être le successeur :
"Je connais d’anciens trotskistes qui ont fini chez Strauss-Kahn. Je préfère avoir fait le chemin dans mon sens que dans le leur.
"
Le coup est lancé. La bataille continue de faire rage entre les socialistes. Et l’un d’entre eux n’hésite pas à moquer "la radicalisation" de Benoît Hamon depuis son départ du gouvernement.
"Il a dû s’autoradicaliser pendant sa traversée du désert en regardant des vidéos de Gérard Filoche sur Internet.
"
[BONUS TRACK] "Arnaud me soutiendra"
En vue du Congrès, Benoît Hamon reste mystérieux quant à ses intentions. Sera-t-il le candidat de l’aile gauche, appuyé par son courant Un monde d’avance ? Toujours est-il que dans les colonnes du Figaro, l’ancien ministre de l’Education affirme qu’il aura un soutien de poids : celui d’Arnaud Montebourg. Ainsi lâche-t-il sobrement :
"Arnaud me soutiendra.
"
Est-ce à dire qu’il est déjà candidat ?