Pour François Bayrou, le succès, c'est comme du limoncello : "presque un jus de fruit sucré, et boum, ça vous cisaille les jambes"

Publié à 16h56, le 27 juillet 2014 , Modifié à 16h56, le 27 juillet 2014

Pour François Bayrou, le succès, c'est comme du limoncello : "presque un jus de fruit sucré, et boum, ça vous cisaille les jambes"
François Bayrou en conférence de presse, le 10 mai 2012. (Reuters/Gonzalo Fuentes)

LIMONCELLO -  C'est ce qu'on appelle une comparaison de saison. Dans le Journal du Dimanche, qui en dresse un portrait de "Perdant magnifique", le maire de Pau François Bayrou revient sur les hauts et bas de sa carrière politique. Et établit un parallèle entre le succès et un alcool italien, le limoncello.

Pour ceux qui ne connaissent pas cette liqueur italienne, très sucrée, au goût de citron, voici ce à quoi elle peut ressembler, tweetée il y a quelques jours par un critique culinaire américain, David Leite :

 

Pour le patron du Modem, qui a très mal vécu sa 5e position à l'élection présidentielle de 2012 selon le JDD, cette boisson d'été ressemble au succès. S'il assure "bien tenir l'alcool", le limoncello est en effet son point faible :

Au goût, c'est presque un jus de fruit sucré, un peu corsé, et boum, cela vous cisaille les jambes. Le succès est comme le limoncello : tout va bien, vous êtes content, les meutes ont des yeux de velours, et insensiblement vous basculez du côté de l'ivresse.

Alcool ou pas, l'agrégé de lettres n'est pas loin. François Bayrou poursuit le raisonnement en s'appuyant sur un concept grec, l'hubris, traduit en français par la "démesure" :

Les Grecs emploient le mot d'hubris, une perte de contrôle, une démesure, en fait c'est de cela qu'ils parlent : une ivresse qui vous fait perdre l'équilibre. Et pour eux, c'est par là que se déclenchent les tragédies.

Battu aux dernières élections législatives, François Bayrou semble garder une dent contre les médias qui, selon l'expression du JDD, "ont prédit sa mort politique à de nombreuses reprises". Un peu plus tôt dans l'interview, il avait déjà employé cette expression de "meute", sans qu'on sache bien à quoi elle fait précisément référence, à propos des hauts et bas d'une carrière :

Les sondages montent alors la meute est séduite, elle se roule devant vous pour que vous lui grattiez le ventre mais, à la première goutte de sang, c'est l'instinct, il y a un grondement et les canines sortent. C'est éprouvant mais cela ne ruine pas ma vie. Le véritable échec serait quelque chose qui porterait atteinte au sens de ma vie.

Tout en concédant que la réussite "est nécessaire car elle ouvre la possibilité de faire, d'agir, de créer", Bayrou assure encore que "l'insensibilité à l'échec est une liberté". Et l'insensibilité au limoncello ?

Du rab sur le Lab

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