François Bayrou préface un livre sur le bégaiement

Publié à 17h27, le 16 mars 2014 , Modifié à 21h21, le 16 mars 2014

François Bayrou préface un livre sur le bégaiement

A l'école, les filles l'appelaient l'"orateur". "Pour moquer gentiment le petit discoureur", confie-t-il aujourd'hui.

Et puis, vers huit ans, François Bayrou est devenu bègue. C'est ce qu'il raconte en préface de "Sois bègue et tais-toi", un livre de William Chiflet, responsable de programmes magazines à France Télévisions.

Dans ce livre, William Chiflet raconte ses difficultés d'enfant bègue et la façon qu'il a eu d'apprivoiser cette souffrance.

Un sujet qui tient évidemment à cœur au président du MoDem, lui-même ancien bègue. "J'ai mis quelques décennies à pouvoir aborder le sujet, sans me cacher ou sans mourir de honte", écrit aujourd'hui François Bayrou.

En tant que responsable politique, il a pourtant dû passer outre sa gène. En 2011, il avait confié au JDD avoir pleuré devant "Le Discours d'un roi", un film racontant le combat d'un roi d'Angleterre contre ce bégaiement.

D’abord, c’est un très beau film et, ensuite, c’est une histoire qu’on ne comprend bien que de l’intérieur. Sortir de cet enfermement-là et penser à ceux qui n’en sortent pas, c’est naturellement très marquant dans une vie. C’est un sentiment d’une telle injustice quand vous avez des flots de mots en éruption dans la tête et que vous ne pouvez les faire naître.

Dans sa préface, il explique quel impact ce trouble de la parole a dans sa vie politique :

Très souvent, dans mes discours, sortent des avalanches de synonymes, des mots qui jouent les uns avec les autres. Ces jeux ne viennent pas d'une muse poétique, ni d'un amour inné pour la richesse du vocabulaire français et les habilités de la rhétorique. Ils viennent du bégaiement qui oblige à passer dix mots dans son esprit pour pouvoir en dire un ou deux sans buter.

"Un jour," poursuit François Bayrou, cela "devient une force". "Mais ce jour ne vient pas de sitôt", précise-t-il. 

Mais, prévient le président du MoDem, on ne "sort" jamais tout à fait du bégaiement. D'où l'importance de faire la "paix intérieure" :

Pour faire la paix, il ne suffit pas de s'obliger à emporter les obstacles et les barricades intérieures. Il faut encore regarder l'enfant bloqué que l'on fut, l'adolescent à la parole enchaînée, l'adulte qui n'en sortait pas n leur faire une place affectueusen sourire avec eux et avoir pour eux un peu d'indulgence et un peu d'affection.

Depuis novembre dernier, François Bayrou est officiellement candidat à la mairie de Pau pour les élections municipales.

Du rab sur le Lab

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