MÉMOIRE COURTE - Non, non, non, Rachida Dati n'a jamais voulu que José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, soit reconduit à son poste en 2009. A l'entendre ces dernières semaines, elle se serait opposée à son deuxième mandat. Sauf qu'à l'époque, le discours n'était pas vraiment le même.
Si l'eurodéputée UMP a pris l'habitude de demander le départ de l'homme politique portugais membre du Parti populaire européen, ses critiques ont repris de plus belle depuis la crise en Ukraine. Rachida Dati accuse l'Union européenne de n'avoir pas su répondre d'une seule voix et tient Catherine Ashton, la haute représentante de l'UE pour les affaires étrangères, et José Manuel Barroso pour responsables. C'est dans ce contexte que l'eurodéputée a assuré s'être opposée au second mandat du président de la Commission.
Ainsi le 24 février sur BFMTV :
C’est vrai que Monsieur Barroso et Madame Ashton se sont loupés sur la politique étrangère sur tout ce mandat. Moi je n’étais pas favorable à la reconduction de Barroso pour ce deuxième mandat.
Ou encore le 21 février sur i>Télé :
Moi je n'étais pas favorable à ce qu'il refasse un deuxième mandat. Le premier n'a pas été bon et le deuxième a été une catastrophe.
Pourtant, à se replonger dans les archives de 2009, ce n'est pas *vraiment* le discours tenu par Rachida Dati à l'époque. Si l'ancienne ministre n'a jamais caché qu'elle ne portait pas le président de la Commission dans son coeur, elle a bien soutenu sa reconduction pour un second mandat. Elle l'affirme sur RTL le 15 septembre 2009 :
En tant que membre du groupe PPE, je soutiens la politique et la reconduction et la candidature de Barroso.
Sur RTL ce jour-là, Rachida Dati se fait même l'avocate de José Manuel Barroso face à ceux qui le trouvent "trop libéral" et "totalement passif pendant la crise". "Il faut lui reconnaître quand même quelques qualités", avance-t-elle avant d'énumérer : "il a permis l'intégration des anciens pays de l'Est au sein de l'Union européenne sans trop de difficultés", "il a contribué à l'adoption de ce qu'on appelle le paquet énergie-climat" et résume :
Donc, il a quand même été très actif lors de cette présidence française.
Rachida Dati ira même jusqu'à refuser de parler de "vote sans enthousiasme" :
Non, parce que je trouve qu'il a été très courageux dans la manière de défense son programme.
Bref, si l'eurodéputée n'était pas favorable à un deuxième mandat, comme elle l'affirme désormais, elle a très bien su le cacher.