Vif échange entre Anne Hidalgo, l'UMP et NKM en Conseil de Paris : "Vous avez un problème, madame ?"

Publié à 17h01, le 22 octobre 2014 , Modifié à 12h26, le 23 octobre 2014

Vif échange entre Anne Hidalgo, l'UMP et NKM en Conseil de Paris : "Vous avez un problème, madame ?"
Nathealie Kosciusko-Morizet et Anne Hidalgo en Conseil de Paris © MaxPPP - Montage Le Lab

ARE YOU TALKING TO ME ? - L'animosité de la campagne n'a définitivement pas disparu. Anne Hidalgo et Nathalie Kosciusko-Morizet ont eu un échange *un peu* tendu lors des questions d'actualité au Conseil de Paris, mardi 21 octobre :

"

- Anne Hidalgo : Oui madame, vous avez un problème ?



- Nathalie Kosciusko-Morizet : Non, vous avez un problème, madame.

"

Un échange à revoir dans cette vidéo, à partir de 5h57'.

Pour comprendre cette passe d'armes entre la maire PS et la présidente du groupe UMP du Conseil de Paris, dont l'entourage de Nathalie Kosciusko-Morizet estime auprès du Lab qu'il démontre la personnalité "agressive" et "extrêmement cassante" d'Anne Hidalgo, il faut revenir à une question posée dans l'hémicycle par Pierre-Yves Bournazel (à partir de 5h44' dans la vidéo)

L'élu UMP du XVIIIe arrondissement de la capitale avait interpellé la maire sur un certain nombre de nominations qu'il juge "politiques" et "partisanes" : des hauts fonctionnaires (directeurs d'administration ou de sociétés d'économie mixte, secrétaires généraux adjoints, etc) nommés par Anne Hidalgo, alors qu'ils "proviennent de cabinets politiques de l'ancien maire Bertrand Delanoë ou d'adjoints au maire de Paris", dénonce-t-il, avant de lancer :

"

On ne compte plus ceux venant  de  cabinets ministériels de l'ère Jospin ou de l'ère Hollande dans les directions d'administration de la ville de Paris.



Il sera bientôt plus facile de faire la liste des hauts fonctionnaires qui n'ont pas jugé bon de faire un passage dans les cabinets politiques ou parfois même rue de Solférino.

"

Concrètement, Pierre-Yves Bournazel accuse donc Anne Hidalgo de "recaser" certains de ses "amis politiques". Le Parisien écrit ainsi, mercredi 22 octobre : "En plus de six anciens élus 'recasés' dans l'administration (Pierre Mansat, Fabienne Giboudeaux, Romain Levy, Sylvain Garel, Laurence Girard, Eric Ferrand), Anne Hidalgo a choisi nombre d'anciens collaborateurs de cabinet de Bertrand Delanoë ou de cabinets ministériels." Ces élus "recasés", Pierre-Yves Bournazel les cite tous nommément dans son intervention.

Demandant à la maire de la ville de "préparer le renouvellement des pratiques politiques", il fustige ces "recasages qui empêchent la promotion de nombreux fonctionnaires" :

"

La ville de Paris n'est pas une agence Pôle Emploi ni un centre de ressources humaines du Parti socialiste. [...] En pratiquant le recasage ou le verrouillage d'ex-élus, vous blessez Paris.

"

C'est alors Emmanuel Grégoire, adjoint chargé du personnel auprès d'Anne Hidalgo, qui se charge de lui apporter une première réponse :

"

Vous parlez d'une dizaine de cas, admettez qu'au regard des 54.000 fonctionnaires de la ville, c'est 0,018%. Donc nous sommes d'accord sur un point : il s'agit d'une très, très, très petite minorité de cas litigieux, ce qui nous permettra de les régler rapidement.



Ce sont des emplois fonctionnels, à la discrétion de la maire, révocables à tout instant. Ces professionnels ont eu une longue carrière avant. Ce que vous dites frise la malhonnêteté : ils ne sont pas devenus fonctionnaires de la ville parce qu'ils venaient de cabinets, ils sont justement venus travailler dans les cabinets parce qu'ils étaient fonctionnaires. Ce sont des gens qui certes ont pu être militants, mais qui ont d'abord passé les concours.

"

Emmanuel Grégoire défend ensuite les "trois principes" qui guident "la politique de recrutement" de l'actuelle équipe municipale : "le respect du droit, la compétence et le sens de l'intérêt général". Et d'accuser Pierre-Yves Bournazel de "remettre en cause le fait qu'un agent puisse avoir des convictions sans que cela remette en cause son sens de l'intérêt général". "Évitons les insinuations qui salissent", a-t-il conclu.

Puis vient la réponse d'Anne Hidalgo, qui à son tour met en cause, tout en s'en défendant, une élue UMP. La maire de la capitale évoque le cas de Florence Berthout, élue maire du Ve arrondissement à la faveur des dernières municipales et directrice générale du parc et de la grande halle de la Villette depuis 2007 :

"

Moi, je ne mets pas en cause des élus qui occupent aussi des fonctions de direction dans un établissement public culturel de l'État, sans que cela pose de problème. Je ne mets pas en cause le fait que monsieur Péchenard soit aujourd'hui sur nos rangs alors qu'il était précédemment un haut fonctionnaire de police (directeur général de la police nationale de 2007 à 2012 et aujourd'hui directeur de campagne de Nicolas Sarkozy, ndlr).



Soyez un peu plus relax et un peu moins et procédurier et polémiste inutilement sur ces questions-là. Je confirme ici que les recrutements qui se font à la ville de fonctionnaires, qui pour certains ont été d'anciens élus, se font dans l'intérêt général, dans le respect du droit. Il s'agit aussi de femmes et d'hommes dont la compétence n'a pas à être remise en cause ici.

"

Les bancs de la droite parisienne sont ulcérés. C'est alors que Nathalie Kosciusko-Morizet demande la parole et qu'Anne Hidalgo lui demande si elle a "un problème". NKM développe :

"

- Nathalie Kosciusko-Morizet : Vous avez un problème madame, et c'est le respect du règlement intérieur, mais surtout le respect des personnes. Vous mettez injustement en cause des personnes et notamment Florence Berthout, pour laquelle je demande donc, au titre de mise en cause personnelle et conformément au règlement intérieur, un droit de réponse.



- Anne Hidalgo : Madame Berthout, vous voulez répondre ? Allez-y. Il n'y a pas de 'mise en cause' dans le règlement intérieur mais je suis laxiste aujourd'hui, puisque vous êtes sommée par votre présidente de groupe.



- Florence Berthout : Vous mélangez les genres de manière assez malhonnête. Je n'ai pas le sentiment d'avoir été nommée après avoir été battue. Je suis directrice générale d'un établissement public depuis plus de 8 ans. Et depuis, c'est vrai, j'ai par ailleurs été élue maire. Je dis juste ça. Je ne suis pas nommée par vous. Je suis nommée par l'État.



- Anne Hidalgo : Et moi je n'ai rien demandé à l'État.

"

Commentaire de l'entourage de Nathalie Kosciusko-Morizet : "C'est la preuve qu'Anne Hidalgo est en réalité bien loin de l'image qu'elle voudrait faire voir. Elle a du mal à accepter l'opposition, la contradiction. Elle ne le supporte pas. Ces questions l'ont manifestement dérangée et elle n'a pas répondu sur le fond. C'est généralement quand on a quelque chose à se reprocher. Et c'est assez récurrent."

Également contacté par Le Lab, l'entourage d'Anne Hidalgo ne souhaite pas commenter ces critiques personnelles. "Il arrive très souvent que les échanges soient vifs, d'un côté comme de l'autre", se borne-t-on à répondre. 

Sur le fond, "tous les recrutements qui sont faits font l'objet d'un contrôle de légalité dans les préfectures, qui justifie des compétences, de l'âge et de l'expérience des personnes concernées", avance-t-on du côté de la maire, renvoyant au code de déontologie que l'exécutif parisien a fait voter mardi 21 octobre (disponible ici), qui est "extrêmement rigoureux" et dont le respect est contrôlé par "des magistrats indépendants".

Or, raille l'entourage d'Anne Hidalgo, "les élus de l'UMP étaient à l'extérieur de l'hémicycle et n'ont pas participé au vote sur ce code de déontologie [les votes "pour" le code de déontologie de Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-François Legaret ont en réalité bien été enregistrés, ndlr]." Conclusion de ce proche de la maire de la capitale : "C'est un faux sujet de l'UMP".

Du rab sur le Lab

PlusPlus