Même surprise au premier tour, même tension entre les deux tours. Comme pour la primaire de la droite, l'entre-deux-tours de la primaire de la Belle Alliance Populaire tend les relations entre Benoît Hamon et Manuel Valls.
Ce mardi 24 janvier, l'ancien premier ministre a jugé qu'il y avait chez Benoît Hamon des risques "d’accommodements" avec l'islamisme radical . Des propos "injurieux" , pour Benoît Hamon. "Il y a une tentative de faire peur, on ne tombera pas à ce niveau-là", a répliqué le directeur de campagne de l'ancien ministre de l'Education, Mathieu Hanotin, ce mardi lors d'un point presse au QG du candidat.
Alexis Bachelay, porte-parole de Benoît Hamon, a quant à lui comparé ces attaques avec la campagne de la fachosphère contre Alain Juppé, rebaptisé "Ali Juppé" durant la campagne de la primaire :
"Il y a un tweet qui vient de tomber de Gilles Boyer qui dit que ça lui "rappelle quelque chose" . C'est du niveau d'Ali Juppé. Ce n'est pas au niveau. S'ils pouvaient ne pas caricaturer les positions de Benoît Hamon.
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"Quand on ne sait plus comment faire, on se raccroche à ce qu'on peut", ironise de son côté Mathieu Hanotin qui trouve que "les attaques de Manuel Valls ne sont pas à la hauteur". "Je préfère qu'il parle de ses propositions", glisse-t-il encore, "choqué" par les polémiques initiées par Manuel Valls, rappelant au passage l'épisode du burkini. Et d'ajouter, en référence aux revirements de l'ancien Premier ministre sur le 49.3 :
"Aujourd'hui, il faut poser la question de la crédibilité de Manuel Valls.
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Le ton monte donc bien haut entre les deux camps. Surtout du côté de Manuel Valls, désormais véritable outsider du scrutin. Ce mardi, il a donc attaqué son adversaire, député des Yvelines, sur les risques "d’accommodements" avec l'islamisme, après des propos de son adversaire sur les désormais fameux cafés de Sevran où les femmes sont exclues.
Un reportage diffusé le 7 décembre dans le JT de France 2 montre comment les femmes sont exclues de certains cafés de Sevran (Seine-Saint-Denis) et de la banlieue lyonnaise. "Y’a que des mecs dans ce café", lance un homme à deux femmes pour leur signifier qu’elles sont indésirables. Il poursuit, à l’adresse de ces militantes de l’association "La Brigade des mères" qui filment en caméra cachée : "Dans ce café y’a pas de mixité on est à Sevran, on est pas à Paris, t’es dans le 93 ici, c’est des mentalités différentes, c’est comme au bled." Le reportage continue en banlieue lyonnaise, où des femmes tentent de se réapproprier l’espace public en organisant des marches et en interpellant un patron de café sur l’absence de mixité dans son établissement.
Sur France 3 le 18 décembre, Benoît Hamon avait reconnu une "pression faite sur certaines femmes par un certain nombre de fondamentalistes religieux". Le député de Trappes (Yvelines) avait ajouté que les femmes, "historiquement", étaient exclues des cafés, refusant de stigmatiser la communauté musulmane :
"Si on parle des cafés, il y a deux choses : dans les cafés, historiquement, dans les cafés ouvriers, il n’y avait pas de femmes. Là, en l’occurrence, on parle de cafés, à Sevran, parce qu’on estime ou on apprécie que l’espace public est confisqué aux femmes parce qu’il serait à majorité musulmane.
"
À l’époque, cette déclaration avait provoqué un tollé chez bon nombre d'associations féministes ainsi que d'élus de tous bords, comme Valérie Pécresse. En revanche, elle n'avait suscité aucune réaction particulière de la part de Manuel Valls. Mais campagne d’entre-deux tours oblige, il abordera ce thème lors du débat mercredi.