Action de Valls contre Dieudonné : des membres de la majorité s'inquiètent d'un "pari extrêmement risqué"

Publié à 10h16, le 08 janvier 2014 , Modifié à 10h20, le 08 janvier 2014

Action de Valls contre Dieudonné : des membres de la majorité s'inquiètent d'un "pari extrêmement risqué"
Dieudonné et Manuel Valls (montage via Maxppp et Reuters).

S'ils tous sont unanimes sur le caractère insupportable des propos de Dieudonné dans son spectacle, certains membres de la majorité doutent ouvertement de la méthode Valls visant à interdire ses représentations.

A gauche, Jack Lang a été l'un des premiers à s'en inquiéter le 7 janvier. Interrogé par le Lab lors de l'émission PolitiqueS sur LCP, il s'est dit "convaincu que cette circulaire [interdisant les spectacles, ndlr] n'est pas conforme au droit" :

La liberté est la règle dominante, et pour y porter atteinte, il faut des raisons, de vraies raisons.

(...) Et le conseil d'Etat, à maintes reprises, sur l'interdiction de manifestations et de spectacles, pose des exigences très rigoureuses.

Dans Le Parisien de ce 8 janvier, d'autres membres de la majorité relaient cette inquiétude. Olivier Faure, député de Seine-et-Marne proche de Jean-Marc Ayrault, parle d'un "pari extrêmement risqué" et redoute que la justice puisse donner raison à Dieudonné. Outre le coup de pub, Dieudonné pourrait même alors bénéficier d'indemnités.

Olivier Faure s'inquiète :

Aucun ministre ne peut s'ériger en censeur. Ce n'est pas au ministre de l'Intérieur de dire quand on peut rire ou ne pas rire.

Un discours très opposé à celui de Manuel Valls, mais aussi de ses collègues ministres comme Aurélie Filippetti ou Cécile Duflot, qui répète que Dieudonné n'est pas à ranger dans la case des "humoristes" et qu'il ne fait pas des "spectacles" mais bien des "meetings". Et que la question du "peut-on rire de tout" ne se pose donc plus dans son cas.

Un autre dirigeant socialiste, quant à lui anonyme, lance également dans le Parisien :

Valls joue avec une allumette dans une grange.

Quant au député de Seine-Saint-Denis Razzy Hammadi, il s'inquiète également des conséquences financières en cas de désaveu de Manuel Valls par la Justice :

Le volontarisme, ce n'est pas agir avec précipitation et sans précaution, sinon le risque, c'est de devoir verser des dizaines de milliers d'euros à Dieudonné.

Ce 8 janvier sur BFMTV, c'est l'ancienne garde des Sceaux UMP Rachida Dati qui avance ce même argument :

J’espère que Monsieur Valls sait très bien ce qu’il fait parce que le pire serait que Monsieur Dieudonné fasse des recours, qu’il gagne et que l’Etat soit obligé de l’indemniser avec nos impôts. (...)

Je ne demanderai pas l’interdiction des spectacles parce que je crains que cette interdiction soit qualifiée juridiquement comme une atteinte à la liberté de réunion ou d’expression. Il faut faire très attention à ça.

Du rab sur le Lab

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