Notre éditorialiste Olivier Duhamel analyse la diversité des réactions à l’affaire Cahuzac selon la distance au pouvoir
La gradation des accusations
>> PS : haro sur Cahuzac
Cette affaire met en cause un homme, seulement un homme. Les socialistes redoublent de coups contre son mensonge, sa trahison. Non content de le fustiger, le voici exclu du PS, sommé de ne pas revenir à l’Assemblée, de renoncer à tout mandat, d’abandonner à jamais la politique. Ne manque que le bannissement.
>> Ecolos : haro sur les conflits d’intérêt
EELV participe au gouvernement. Les Verts évitent donc de l’accabler, et préfèrent se concentrer sur leurs propositions pour prévenir les conflits d’intérêt et renforcer la démocratie.
>> UDI : une Commission d’enquête parlementaire
Les centristes de l’opposition veulent gêner Ayrault et Hollande, mais rester modérés. Ils demandent donc une Commission d’enquête parlementaire pour mettre à nu ce que le gouvernement savait ou ignorait et ce qu’il a fait ou s’est abstenu de faire depuis quatre mois.
>> UMP : haro sur Moscovici
L’ancien président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, l’interpelle en premier lors des QAG. A-t-il voulu couvrir Cahuzac ?
Le député UMP Claude Goasguen exige sa démission "dans les plus brefs délais"à cause "des dysfonctionnements très graves de l’Etat, censé savoir qui fraude le fisc".
>> FN : démission du gouvernement et dissolution
Marine Le Pen dénonce "un mensonge d’Etat" parce qu’elle estime que le président de la République et le Premier ministre "étaient au courant". Elle réclame "la démission du gouvernement et la dissolution de l’Assemblée nationale".
Chaque position est ainsi déterminée tout à la fois par la virulence de son idéologie, et, plus encore, par la distance plus ou moins grande de chacun par rapport au pouvoir. Ceux qui l’exercent le protègent. Ceux qui l’ont exercé le critiquent. Et les extrêmes contestent plus radicalement le régime.