Force est de constater qu'il y a beaucoup moins de réactions à "l'affaire du maillot de bain" ce lundi 27 juillet que ce week-end. Avant de connaître les détails de ce fait-divers, certains responsables politiques ont rapidement sous-entendu que les raisons de l'agression d'une jeune femme en maillot de bain dans un parc public à Reims, pour laquelle cinq autres jeunes femmes ont été déférées pour "violence en réunion", étaient d'ordre religieux ou moral. À mots plus ou moins couverts, ils dénonçaient une certaine islamisation de la société française.
Une théorie *un peu* moins crédible depuis que le parquet de Reims a indiqué dimanche que "ni la victime ni les auteures des coups n'ont fait état, lors des auditions, d'un mobile religieux ou d'un mobile moral qui aurait déclenché l'altercation". Ce développement judiciaire n'a, bizarrement, pas provoqué la même quantité de messages d'indignation. D'où cette interrogation du député PS Alexis Bachelay, ce lundi sur Twitter : "À quand des excuses" de ceux qui ont "chassé en meute à Reims" ?
A quand des excuses de @UnionArdennais, @GilbertCollard, @ECiotti, @SOS_Racisme, @GillesClavreul ? pour avoir chassé en #meute à #Reims !
— Alexis Bachelay (@ABachelay) 27 Juillet 2015
L'élu des Hauts-de-Seine cite nommément L'Union, journal local qui avait révélé l'agression tout en expliquant, avant de corriger sa version comme le remarque Slate, que l'une des agresseuses avait repoché à la victime sa tenue "contraire à sa morale et sa conception des bonnes mœurs", tenue "jugée indécente en tel endroit". En réalité, et comme l'a ensuite rapporté L'Union, la phrase qui a déclenché l'agression est : "Allez vous rhabiller, c’est pas l’été !".
Alexis Bachelay demande également des "excuses" aux membres de Les Républicains Éric Ciotti et Nadine Morano, qui s'étaient vite emparés du fait-divers :
Agression inacceptable par laquelle on veut nous imposer un mode de vie qui n'est pas le notre. Intransigeance ! https://t.co/OG57jhBesD
— Eric Ciotti ن (@ECiotti) 25 Juillet 2015
La liberté de la femme, la régression de la liberté de la femme... Un scandale en 2015 http://t.co/v2dlZOG9Cspic.twitter.com/Vvt6Ok1nsC
— Nadine Morano (@nadine__morano) 25 Juillet 2015
Ils ne se sont plus exprimés sur le sujet depuis les précisions du parquet. À l'inverse du député du Rassemblement bleu marine (proche du FN) Gilbert Collard, lui aussi cité par Alexis Bachelay, qui en a remis une couche ce lundi :
Reims, faux culs et vrais maillots : pas de motif moral ni religieux ? Au nom de quoi, alors, ces castratrices du maillot agissent-elles?
— Gilbert Collard ن (@GilbertCollard) 27 Juillet 2015
L'élu socialiste cible encore SOS Racisme (qui avait appelé à une manifestation de soutien, en maillot de bain, très peu suivie) et le délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme Gilles Clavreul, qui avait publié ces messages :
1/2 Agression scandaleuse qui appelle des sanctions exemplaires #Reimshttps://t.co/lM9bDvB7zv
— Gilles CLAVREUL (@GillesClavreul) 25 Juillet 2015
2/2 Pour une fois silence remarquable des habituels défenseurs de la "liberté vestimentaire" #Reims
— Gilles CLAVREUL (@GillesClavreul) 25 Juillet 2015
Une femme agressée pour sa tenue c'est scandaleux dans tous les cas, l'indignation ne peut pas être sélective. #Reimspic.twitter.com/LJ3SZ2u9Xk
— Gilles CLAVREUL (@GillesClavreul) 26 Juillet 2015
Le secrétaire d'État chargé des Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, a également pris Nadine Morano et Éric Ciotti à partie. Sur iTélé ce lundi, il a estimé qu'ils "devraient apprendre à garder un peu leur calme" face à ce genre d'actualités :
"Un certain nombre de responsables politiques, je pense à madame Morano, monsieur Ciotti, d’autres, devraient apprendre à garder un peu leur calme. On ne peut pas partir surdes préjugés, des informations non confirmées par les autorités compétentes, pour commencer à vouloir surfer sur l’actualité.
Je suis frappé de voir combien un certain nombre de responsables politiques qui s’enflamment, veulent jouer ou veulent exister. Finalement, ça se retourne contre eux.
"
À LIRE SUR LE LAB :
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